mercredi 5 avril 2017

Roger de Laron et le ''Grand Oeuvre'' -4/.- la Fin'amor

Mon objectif, est de faire le lien, avec Roger de Laron, entre diverses connaissances qui se côtoient et se rencontrent en cette extraordinaire période du Moyen-âge, avant la rationalisation revendiquée par l'époque moderne qui suit … Un chevalier lettré peut rencontrer l'alchimie, l'amour courtois et la légende du Graal ( par exemple) et comprendre ce qui les lie...

Entre le XIe et le XIVe siècle, ce sont pas moins de 500 troubadours qui ont parcouru nos régions occitanes, pour créer et propager leurs œuvres... De quoi parlaient-elles ? D'amour sans aucun doute, et d'Amour Courtois; et d'autres choses qui n'étaient pas de simples jeux d'esprit.

Le troubadour, Guiraud Riquier (1230-1292 - de Narbonne), déclare : « Les troubadours sont des hommes doués par Dieu d’un grand savoir, fait pour éclairer l’univers, aussi estimables par leur conduite que par leur science. » la langue d'Oc se prête aux jeux de mots, aux équivoques, aux logogriphes (anagrammes) et au double, voire au triple, sens phonétique. Trobador (qu’on prononce troubadour) vient de trobar. Que veut dire ''trobar''? En langue d’oc cela signifie à la fois inventer, découvrir et s’exprimer par tropes, c’est-à-dire « employer les mots dans un sens différent de leur sens habituel » (Littré)
Rimbaud d’Orange (1140-1173), déclare : « Pour savant je tiens sans nul doute / Celui qui dans mon chant devine / Ce que signifie chaque mot. »
La ''fin Amor'' est très strictement codifié. Pour pouvoir approcher la Dame , le troubadour doit tout d’abord être ''réveillé ''...

Pour cela, La Dame impose au troubadour une série d’épreuves qu’il doit subir l’une après l’autre avec succès. Parmi celles-ci, l'épreuve ultime du chevalier, appelée « asag », consiste à passer une nuit au lit avec la femme complètement nue, sans accomplir aucun acte charnel...
A la suite de quoi le troubadour agréé est soumis à de sévères obligations envers sa Dame ; tout d’abord, il est tenu au ''celar'', c’est-à-dire au secret ; il est ensuite astreint au ''dommeil'', c’est-à-dire à l’allégeance. Sa passion poussée à son paroxysme peut mener le troubadour à désirer la mort per amor, la mort par amour. Et cette passion dispense alors ''gautz e Jovens'', c’est-à-dire joie et jouvence.
Plus que d'amours humaines, les troubadours créent un charme et une profondeur d'un sens caché... Ce rituel comprend enseignement, épreuves, secret et le thème de la mort symbolique suivie d'une nouvelle naissance. Sous le voile d’une poésie amoureuse, la poésie des troubadours est une poésie alchimique.

La science des troubadours rejoint l’alchimie.
Et, la dame qu’ils courtisent : le troubadour Guiraud de Borneil (1138-1215) la qualifie de «  Vrai lumière » ; le troubadour Guillaume de Poitier nous dit « Par elle seule je serai sauvé. » Le troubadour Uc de Saint Circq l’invoque en ces termes : « Prenez ma vie, Dame de dure merci, pourvu que par vous au ciel j’arrive. »...
C’est de surcroît une dame secrète. En effet les troubadours ne désignent leur Dame par son vrai nom mais seulement par un nom convenu (le senhal) : l’un l’appelle Béatrix, l’autre Aimant, et un autre Consolation…
Tout ces phrases des troubadour essayant de définir, ou de la  nommer leur Dame, est en rapport étroit avec l’alchimie.

Et... Avec le Graal !
« La dame qui avait reçu du Graal lui-même mission de le porter avait pour nom Répanse de joie »
Voila qui n’est pas sans rapport avec la dame de la  fin'amor des troubadours qui dispense, répand la joie.
Un extrait du cortège du Graal de Wolfram d'Eschenbach:


« Derrière elles venait la reine. Son visage rayonnait d'un tel éclat que tous crurent voir le jour se lever. Elle était vêtue d'une soie d'Arabie. Sur un tissu de vert achmardi elle portait un objet si auguste que le Paradis n'a rien de plus beau, chose parfaite à quoi rien ne manquait et qui était tout à la fois racine et floraison. Cet objet, on l'appelait le Graal. Il n'était sur la terre chose si merveilleuse qu'il ne la surpassât. La dame, qui avait reçu du Graal lui-même mission de le porter, avait nom ''Répanse de Joie''. 
La nature du Graal était telle qu'il fallait que celle qui en prenait soin fût d'une pureté parfaite et qu'elle s'abstînt de toute pensée déloyale....
Devant le Graal on portait des luminaires de très haut prix : c'étaient six vases de verre, longs, transparents et beaux, où une huile embaumée brûlait en donnant une haute flamme. Quand la reine et les damoiselles qui portaient ces vases remplis d'huile eurent franchi la porte et se furent avancées jusqu'à l'endroit où elles devaient se tenir, elles s'inclinèrent courtoisement. La reine au coeur loyal posa le Graal devant le maître du château. L'histoire nous dit que Perceval regarda à maintes reprises la dame qui portait le Graal et eut la pensée tout occupée d'elle ; il avait d'ailleurs sur ses propres épaules le manteau de la reine. Ces sept dames, avec une noble décence, allèrent ensuite se placer près des dix-huit autres damoiselles. 
»

Aucun commentaire :

Enregistrer un commentaire