- La Belle et la Bête -
Avant d'être, le film de 1946
par Jean Cocteau avec Jean Marais, ou un film
d'animation des studios Disney sorti en 1991, ou pour les
adeptes de fantastique,un film de 2009 avec Estella Warren, ou encore
le film de 2014 avec Léa Seydoux et Vincent Cassel...
La Belle et la Bête, est un conte
français... Non pas de Perrault, non pas de Jeanne-Marie Leprince de
Beaumont, comme la plupart des adaptations pour enfants ; mais
de Gabrielle-Suzanne de Villeneuve, née vers 1695, publié en
1740.
Parmi les différences avec les
adaptations ; il y a le songe que fait La Belle, chez la Bête:
chaque soir en s'endormant, la Belle rêve d'un beau jeune homme et
en tombe amoureuse (et inversement). De ce fait, elle repousse sans
cesse la Bête (qui est véritablement affreuse avec des écailles
partout) sans se douter que cette vision est en réalité un moyen de
lui faire découvrir la véritable identité de la Bête...
Enfin le dénouement : on ne s'arrête pas au mariage de la
Belle et du Prince comme c'est le cas avec Mme Leprince de
Beaumont ; Mme de Villeneuve nous offre les festivités du
mariage et bien plus encore. On découvre les origines du prince, ce
qui fait qu'il est devenu la Bête mais on découvre aussi que la
Belle n'est pas celle qu'elle prétend être … ( à lire.)
- Un point historique : Mme de
Villeneuve prolonge la vogue du conte de salon : dès le début
du XVIIIe. siècle, la tyrannie des contes de fées avait disparu, et
le temps est loin, en 1740, où Mme de Sévigné écrivait à Mme de
Grignan (6 août 1677) pour lui annoncer que les « dames de
Versailles » prenaient plaisir à entendre des contes...
Quant à la version de Mme Leprince de
Beaumont, elle nous semble bien ridicule et bien naïve. En son temps
déjà, certains la jugeaient insipide : « Mme Le Prince de
Beaumont est une bonne maîtresse d'école. Son Magasin des Enfants
contient une bonne morale, bien plate, sans élévation et sans âme,
excellente à élever des perroquets, très-peu propre à former des
enfants et à en faire des hommes »
Plusieurs lectures de ce conte peuvent
être envisagées : On pense souvent comme Bruno Bettelheim, que
« Alors que « Barbe-Bleue » correspond aux pires craintes
de l’enfant en ce qui concerne la sexualité, « La Belle et la
Bête » lui donne la force de comprendre que ses peurs sont l’œuvre
de ses fantasmes d’angoisse sexuelle ; et que, bien que le sexe
puisse d’abord apparaître sous un aspect animal, l’amour entre
l’homme et la femme est en réalité le plus satisfaisant de tous
les sentiments et qui puisse assurer un bonheur permanent. (…)
« La Belle et la Bête », mieux que tout autre conte de fées bien
connu, exprime avec évidence que l’attachement œdipien de
l’enfant est naturel, désirable, et qu’il a les conséquences
les plus positives si, durant le processus de maturation, il est
transféré et transformé en se détachant du père (ou de la mère)
pour se fixer sur le partenaire sexuel. (…) Pour traduire
l’expression poétique du conte de fées dans le langage terre à
terre de la psychanalyse, le mariage de la Belle et de la Bête est
l’humanisation du Ça par le Surmoi.» Bruno Bettelheim,
extraits de "Psychanalyse des contes de fées" -
Pour Jacqueline Kelen, les contes « ne
sauraient se contenter d'être porteurs de morale, encore moins
d'être thérapeutiques ( sauf à soigner et corriger le moi
infantile). Ils ont avant tout une portée initiatique : ils
appellent à une autre conscience, à une seconde naissance, à une
vie supérieure. Ils ne cessent de rappeler la véritable mesure de
l'être humain qui est sa dimension spirituelle. C'est de l'âme
qu'ils parlent et c'est à l'âme qu'ils parlent... (…) ils nous
donnent à voir l'âme dans ses tribulations et ses empêchements
ici-bas, sa beauté menacée, convoitée, sa qu^te et son combat pour
rejoindre sa demeure céleste »
Quelques piste pour interprétation
dans ce sens …
Le travail consiste à repérer pour :
chaque personnage : un aspect différent de conscience, et pour
chaque lieu : une phase spécifique de discernement...
Ainsi chaque personnage désigné, indique l’état intérieur du
moment ou de la phase active,Les rencontres de personnages indiquent : - les conflits entre deux aspects de conscience ; - la compréhension établie entre deux aspects de conscience ; - les aides issues de l’expérience personnelle ou provenant de l’enseignement spirituel universel
Enfin, la narration de l’histoire, évoque le mouvement nécessaire à ce processus.
Ainsi, dans La Belle et la Bête : un voyage nous fait franchir un espace magique (le jardin), la perception d’un symbole : la rose, déclenche un processus : un aspect naturel en l’homme doit être renouvelé. Ce qu’il y a de plus noble en soi ( la sage jeune fille) se présente et deux aspect de conscience en l’être humain ('belle': sagesse – dévouement, et 'bête': puissance emprisonné ) se reconnaissent et évoluent ensemble. Mais est-ce que ces deux aspects sont prêts à se fondre et à se renouveler ?
Les épreuves suivantes vont permettre
de fortifier ces deux aspects de la conscience…
-Retrouvailles de la Belle avec sa famille : les aspects
naturels égotistes de l’être, la force d’inertie de la matière
et celle de l’avidité ou du maintient de l’ego. L’oubli est
structurellement lié au monde naturel, cette force maintient « la
Belle » et provoque la mort de « la bête ». l’élan
de l’amour ou de la vision juste de la réalité intérieure,
ranime la conscience de « l’être véritable ». l’âme
épurée de ses aspects égotistes peut s’unir en une seule
conscience avec la puissance de l’être véritable. L’unité en
conscience…Ceci est le processus très imagé et très simple d’une initiation dite spirituelle.
( Sources pour ce dernier paragraphe : un texte de l’association L'AEDE : http://aedes.over-blog.com/ )
Les trois dernières 'peintures', sont de Joanna Sierko Filipowska
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