mercredi 25 mai 2016

Qu'est ce 'qui' en moi, ne craint pas la mort ? -1/3-


Qu'est-ce que l'humain... ?
Qui suis-je.. ?
Question fondamentale, pour celui ( celle) qui s'interroge sur sa vie et son sens, sur la mort...

Je pense, donc il y a une chose dont je suis sûr : ''je suis''... En moi, quelque chose ''pense'', et cette activité a t-elle une réalité substantielle ?

* Il s’agit de savoir si la pensée repose dans une substance, que l’on peut appeler ''âme'' ou ''esprit''... dans ce cas, on dira que le monde est composé de deux types de substances totalement distinctes, ne possédant aucune qualité commune ; on sera alors ''dualiste''.

** Alors se posera la question cruciale de l’interaction de ces deux substances, question de l’action de l’âme sur le corps et inversement.


Mais, si la pensée n'est qu'un effet, causée par autre chose qu'elle, par exemple la matière, on sera moniste, et matérialiste... A moins que l'on affirme que la seule substance est l’esprit ; tel est par exemple ce qui est soutenu par la doctrine dite immatérialiste... Attention, des pensées peuvent tenter de dépasser l’opposition de la matière et de l’esprit....

Le chrétien ne peut faire l'impasse de ce questionnement ; si ce n'est déjà pour répondre à une autre question liée à la 'foi' d'une vie après la mort, et à la 'foi' en « la résurrection des corps »... !

Parler de la résurrection... Pourquoi pas... Mais, qu'est-ce qui ''ressuscite'' ?
Il me semble nécessaire de répondre d'abord à cette question :

Que sommes-nous ?

Roger Pouivet (*) , nous propose neuf réponses possibles, au travers de neuf conceptions... ( je résume...) ... Choisissez la vôtre... Ou en avez-vous une autre ...?

Accrochez vos ceintures, c'est un voyage en ''Anthropologie-Fiction ''

1. Immatérialisme ( par exemple avec l'évêque irlandais George Berkeley (1685 - 1753)) 
« Nous sommes des âmes, des substances immatérielles. Ces substances existent par elles-mêmes ; pour exister, elles ne dépendent en rien d’autre chose. L’âme est méréologiquement simple, elle n’a pas de partie propre, pas même de parties immatérielles la composant. L’immatérialisme refuse unilatéralement l’existence de la matière. Nous n’avons aucune propriété physique ; les corps et leurs propriétés physiques sont des complexes de qualités sensibles pour un esprit. » 

Ce morceau de pain n’existe pas en dehors de sensations qu’il me procure. Ce qui existe, c’est ce qui est perçu par moi, c’est-à-dire un ensemble de qualités sensibles relatives au sujet. 

2. Dualisme 
Nous sommes composés de deux substances, l’une immatérielle (et simple), l’autre matérielle (étendue et divisible). Mais ce que nous sommes vraiment est une âme ou un esprit. L’âme et le corps interagissent ; peut-être doivent-ils même être pensés en termes d’union. Dès lors, tout ce qui arrive à mon corps, m’arrive aussi à moi qui suis une âme. L’immortalité de l’âme peut être considérée comme un processus naturel, comme chez Platon. Je survis à la destruction de ma partie matérielle, puisque rien ne peut détruire l’être immatériel et simple que je suis.

La mort est un changement extrinsèque ; elle est synonyme de libération. Ma survie est le cours naturel des choses, une propriété de mon âme. 

Cette théorie a fasciné certains Pères de l’Église, comme Grégoire de Nysse, et taraude encore certains philosophes chrétiens, comme Richard Swinburne( 1934- ), John Hawthorne ou Alvin Plantinga.

3. Constitutionnalisme 
On abandonne alors le dualisme entre l’âme et le corps, tout en conservant le principe d’une dualité entre la personne et le corps. Pour une théorie de la constitution, nous serions constitués par un organisme humain, mais nous ne lui serions pas identiques. 

Dieu, un ange, une personne, qu’elle soit humaine ou non, bionique, martienne ou autre, a essentiellement une perspective en première personne. Cette perspective fait d’elle un sujet dans un monde de choses différentes d’elle. Elle n’est pas simplement consciente, en ayant des états psychologiques, mais elle a cette perspective en première personne. Un organisme a essentiellement des fonctions biologiques. Dès lors, une personne peut être constituée par un corps organique. Mais il peut y avoir des personnes immatérielles, qui ne sont pas constituées par un corps organique – comme les personnes divines. La relation de constitution unit des choses dont les propriétés essentielles sont différentes. Les personnes humaines n’existent pas sans corps et les personnes humaines sont constituées par le corps qui est l’objet de leurs pensées en première personne : « J’ai mal aux dents » ou « Je me demande si je peux encore bouger le pied ». 

Une personne n’a cependant un corps que de façon dérivée (ou secondaire) ; en revanche, elle a essentiellement une perspective en première personne. 

4. Fonctionnalisme
Tout ce qui manifeste un ensemble de fonctions dans ses relations causales avec son environnement peut être dit avoir un esprit, qu’il s’agisse d’un système nerveux ou de quoi que ce soit d’autre, pour peu que sa structure lui permette d’avoir ces fonctions. Que l’instanciation des fonctions soit le fait d’une substance immatérielle ou d’une chose physique importe peu quand l’esprit est en gros identifié à un programme d’ordinateur. 


Sources : (*) Roger Pouivet est Professeur de philosophie à l’Université Nancy 2 et Directeur du Laboratoire d’Histoire des Sciences et de Philosophie-Archives Poincaré (CNRS, UMR 7117). ''Métaphysique de la résurrection des corps.''
A suivre … 

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