Ce livre est dense, et donne beaucoup,
beaucoup à penser … C'en est épuisant ! Et énormément
excitant... Oui, c'est « intello », à l'opposé totale
de la « foi du charbonnier ».
Intello... ? Certainement, mais
comme j'apprécie, c'est à dire non réservé aux spécialistes...
En effet, le genre « thèse », assez souvent
m'insupporte... Quelqu'un a passé une année ( souvent plus ..), à
regarder le coin d'un sujet au microscope ; le lecteur se perd
alors dans les « notes », les détails ; et
finalement se sent assez peu concerné par cet infinitésimal sujet.
J. Moingt, au contraire, prend
énormément de distance avec son sujet, il se permet ainsi, de le
situer dans son contexte, de voir toute l'étendue de sa complexité.
C'est une réflexion aussi fine que globale … !
C'est une réflexion qui refuse la
facilité du raisonnement habituel chez l'homme religieux :
celle au pire de faire appel au « dogme », au mieux de
tenter d'être poétique ou mystique...
Ici, J. Moingt, nous demande de ne pas
paresser et de convoquer notre « raison ». Non pas
seulement, notre raison... Mais passer de la « croyance »
à la foi critique...
Et je n'en suis qu'à la page 120... (
600, au total..) !
Là, J. Moingt continue de nous
entretenir sur « Les Mythes » grecs, et leurs
confrontation avec la philosophie ( Platon...)... Personnellement,
j'élargis cette réflexion, jusqu'à aujourd'hui... Les mythes ne
sont pas morts... Et, tant mieux !
« La crise du mythe ne vient
pas du rationalisme d'une société en voie de sombrer dans
l’irréligion ou l'athéisme, elle vient de l'évolution du
sentiment religieux des fidèles, qui ne reconnaissent plus ce qu'ils
croient ni ne trouvent de quoi satisfaire leurs aspirations dans ce
qui est raconté au sujet de leurs dieux... » ( p 116) Cela
n'est-il pas ce qui se passe aujourd'hui... ? Certains
catholiques ne savent comment penser – peut-être pas ' Adam et Eve
'… - mais ' Abraham ', ' Moïse '... etc, s'ils ne sont ''que'' des
personnages mythologiques … ?
- A creuser : « croire aux dieux » et « croire aux mythes » est-ce la même chose ?
- Autre question : Comme chrétiens, aujourd'hui, « quelle vérité sommes-nous susceptibles de reconnaître nous autres, hommes de modernité, à la croyance religieuse des anciens ? » ( p118) Je pense aux grecs, au paganisme, au 'dieu' du premier Testament ...etc. Quelle parenté établissons-nous entre notre christianisme et les ''religions antérieures''... ?
« l'incroyance de la
postmodernité n'est que trop encline à les confondre toutes sous le
même verdict d’irrationalité sinon de mensonge, en tout cas de
vieilles rêveries dont le déclin a définitivement sonné pour un
plus grand progrès et bonheur de l'humanité » ( p 119)
« Le christianisme n'est pas
tenté de montrer de la complaisance envers le paganisme, mais plutôt
du mépris, de nier tout lien avec lui, et de n'avouer de dépendance
qu'à l'égard de la religion juive, la seule qui ait fait profession
de monothéisme depuis la nuit des temps... »
Disons, que J. Moingt tente de penser
la vérité de la foi du croyant païen, et de justifier ainsi la
rationalité de la foi en Dieu au regard de l'incroyance moderne. Sa
méthode ici est phénoménologique, et non pas théologique...
Mes annexes :...
La phénoménologie par du principe
qu'il existe un univers matériel indépendant du « je »...
Je pourrais donc observer « objectivement » le « fait
religieux »... ?... C'est plus compliqué...
« Les phénoménologues pensent
qu’il existe une attitude naturelle qui se caractérise par une
forme de naïveté. Car, dans cette attitude, nous croyons n’être
pour rien dans ce qu’est la réalité qui nous entoure. Or, nous
sommes doués de conscience et d’intentionnalité. Dès lors, les
choses sont visées et comme constituées par notre conscience. Elles
ne sont pas données passivement à notre appréhension. C’est nous
qui donnons sens à ce qui nous entoure, par des actes de notre
conscience. C’est la thèse du primat de l’intentionnalité.
La philosophie doit ainsi opérer une sorte de conversion
phénoménologique. On passe à la phénoménologie en pratiquant un
changement complet d’orientation. Au lieu de se tourner vers les
choses, on analyse le sens qu’elles ont pour nous, et comment il se
constitue pour un sujet. On passe du domaine des significations
objectives, telles qu’elles apparaissent dans les sciences
positives, alors qu’on ne pense nullement la façon dont elles se
donnent à nous et comment elles le peuvent, à celui du sens, dont
on fait l’expérience immédiatement dans ce qui est vécu
subjectivement. » Conférence de Foucault
(http://litterature.savoir.fr/quest-ce-que-la-phenomenologie/)
Bon... ! C'est un peu compliqué...
C'est pourtant, le point de départ de l'étude de ce que nous
appelons aujourd'hui : ''le fait religieux''...
La phénoménologie de la religion est la description du
fait religieux. Cette discipline se propose d'étudier la conscience
du croyant, sa conception du monde, et éventuellement, sa perception
des faits religieux.
Jacques Maritain écrivait :« la
religion est essentiellement ce que nulle philosophie ne peut être :
relation de personnes à personnes. » La philosophie répond
qu'elle est fondamentalement ce que nulle religion ne peut être :
réflexion critique d’un existant sur la globalité de l’existence.
Passionnant,....mais pas simple!!!!
RépondreSupprimerPas simple, en effet .... Quand les chose paraissent "trop" simples... C'est louche! " - La complexité" est la vie ...!
RépondreSupprimerBonjour, je viens de revenir sur le site et je vois que vous avez apprécié "ce que nous dises les mythes" de Diel.
RépondreSupprimerMerci d'avoir écrit plusieurs articles sur cette base." science et foi" et le livre "le sens de la vie : une illusion ?"de claude Hérault sont à lire.
Le livre du Père Moingt m'interrese aussi et votre recension est très utile. J'ai laissé un message diélien sur le site de "la vie" lors des discussions. Hélas aucun commentaires.
Un auteur meconnu, André Lamouche, ingénieur philosophe a publié une somme philosophique d'inspiration scientifique et spiritualiste chrétienne romaine;: la théorie Harmonique. Il développe une logique de la Simplicité pour dépasser la logique de l'identité aristotélicienne. http://www.rhuthmos.eu/spip.php?article1431. 7 tomes d'une densité rare pour aboutir à une métaphysique de l'harmonie qui s'accorde avec la métaphysique chrétienne. "la science explicite le visible complexe par de l'invisible simple".
Continuons et prions pour qu'une étude du symbolisme mythique et une exégèse historico-critique du Coran atteigne le monde musulman car sinon nous ne ferons pas le poids.
Bien à vous.
En effet, j'ai lu Diel, et j'ai vraiment apprécié son apport sur les Mythes... Le monde catho envisage difficilement le rapprochement entre Foi et Mythe; dommage ...! Je me doute que pour l'Islam... c'est pas gagné ...!
RépondreSupprimerMerci, pour ces nouvelles pistes...
J'aime aussi dans l'oeuvre de Diel , la notion de mystère (comme Gabriel Marcel qui parle du mystère de l'être). le livre "mythe et métaphysique" de Gusdorf est aussi passionnant. Je vous encourage à commander "le sens de la vie: une illusion" chez Publibook ou amazon , c'est vivifiant.
RépondreSupprimerCe que disent le Père Moingt et le Père Bellet , c'est qu'il faut une translation du donner Christien et je pense que cette pensée "dielienne"(même si agnostique) est une des voies de cette translation et cela permettra d'établir une relation confiante avec les autres sensibilités religieuse.
Bien à vous.
Je poursuis par ce texte de Luc Benoist dans"signes, symboles et mythes":
RépondreSupprimer"Le développement d'une vérité doctrinale en mythe n'est pas une fable, d'autant moins que le mot fable provient d'une racine qui signifie parole(fabula), tandis que le mot mythe provient d'une autre racine qui signifie muet et silencieux(mutus) .Or cette idée de silence s'attache aux choses qui par nature sont inexprimables autrement que par des symboles. Mythe et mystère sont donc issue de la même idéologie ésotérique, dont le caractère provient de leur primordialité et de leur nécessité. "
Bien à vous.
Intéressant ... Merci.
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