Le Château de Laron, est à proximité
de la Commanderie de Charrières ( aujourd'hui en Creuse, au hameau
de La Faurie – commune de Saint-Moreil). Roger de Laron a connu le
vieux Géraud de Saint-Martial, qui a déposé à Poitiers lors
du procès des Templiers. En 1308, il est également interrogé à
Rome : il dit avoir reçu l'habit du Temple, il y a
environ cinquante ans, des mains de frère Etienne de « Loriut »,
précepteur du Limousin, en une maison du Temple appelée Chamberaud.
Peu après son admission, il est allé dans les États latins
d'Orient et y a passé vingt-quatre ans.
Le vieux chevalier Géraud, aimait
s'approprier cette légende:
Une forteresse, dans les environs de
Tyr, appartenait à un puissant Emir. Ce chef était assez malin,
pour accepter de rencontrer les chrétiens et commercer avec eux ;
mais il refusait d'en être le vassal...
Il avait une fille très
belle qui serait tombée amoureuse du fringant écuyer Géraud. La
jeune femme lui aurait dévoilé le secret pour accéder au château
sans se faire prendre par la garde, afin qu’il puisse venir la
retrouver la nuit. Un soir, le jeune homme laissa volontairement la
porte ouverte, pour que les chevaliers chrétiens assaillent la
forteresse. Face à cette trahison, l'Emir et sa fille se sont jetés
de la plus haute tour, préférant mourir plutôt que d’abandonner
le château aux chrétiens.
Le templier
Géraud de Saint-Martial, s'il n'était rentré en sa province,
serait bien resté en Orient : « Ceux qui étaient pauvres
en leur pays, ici Dieu les a fait riches. Pourquoi retournerait-il en
Occident celui qui a trouvé l'Orient si favorable ? » (
témoignage de Foucher de Chartres)
Wilbrand
d'Odenbourg (1180-1233) au début du XIIIe siècle, décrit des
forteresses qui pouvaient être aussi des châteaux de plaisance :
« Cette salle, dit-il, ouvre d'un côté sur la mer, où
l'on voit voguer les navires, et, de l'autre, sur des prairies et des
vergers. Son pavage de mosaïques représente une eau ridée par la
brise et on est tout étonné en marchant de ne pas voir ses pieds
empreints dans le sable qui apparaît au fond. Les murs sont revêtus
de placages de marbre qui simulent des tentures. La voûte est peinte
à l'image du ciel et l'on y voit des nuages courir, le vent souffler
et le soleil distribuer l'année, les mois, les jours, suivant leur
mouvement dans le Zodiaque. En ces arts décoratifs, les Syriens, les
Sarrasins, les Grecs excellent et rivalisent. Au milieu de cette
salle se trouve tin bassin en marbres de couleurs diverses, où l'on
voit une variété infinie de fleurs qui éblouissent le regard. Au
centre de cette vasque se trouve un dragon, dont la gueule lance une
gerbe d'eau cristalline qui, grâce à l'air circulant librement par
de larges fenêtres, répand en cette salle une fraîcheur
délicieuse.Et dans ces belles résidences du bord de la mer vivaient ces princesses lointaines qui s'appelaient Sibylle, Béatrix, Étiennette, Mélisende, dans un luxe raffiné, où la grâce française se mêlait de façon singulière aux charmes mystérieux de l'Orient.
Il faut imaginer des fêtes princières qui se donnaient dans ces grandes cités de la colonie latine : Telle que le couronnement d'un nouveau roi de Jérusalem, et la fête qui lui fait suite se prolonge pendant quinze jours dans l'immense grand'salle du Palais des templiers de Saint- Jean-d'Acre ; on y donne des représentations théâtrales : chevaliers et noble» dames se partagent les rôles des héros de la Table ronde et l'on voit paraître en des joutes galantes Lancelot, Tristan, Palamède et Penthésilée, reine des Amazones."
Ce témoignage nous rappelle une autre histoire, que les croisés aiment se raconter.
Elle concerne le chevalier Renaud de Châtillon (1120-1187) : fils cadet d'un pauvre seigneur de Châtillon Coligny près de Gien, Renaud fait partie des hommes de la seconde croisade. Il est venu en Terre sainte davantage en quête d'aventures et de preux exploits que pour des motivations religieuses. Il épouse en 1153 Constance de Hauteville (1127-1163), la princesse d'Antioche, veuve depuis 1149 ; qui pourtant ne souhaitait plus se marier... . Constance, Petite fille, mariée en secret, à neuf ans, à un chevalier de vingt-cinq ans son aîné ( Raymond Ier de Poitiers, prince d'Antioche, fils de Guillaume IX, duc d' Aquitaine..), va découvrir peu à peu les armes de son sexe faisant de ce mariage de raison une étonnante histoire d’amour. Elle apprend aussi à surmonter la haine de sa mère en même temps qu’à louvoyer entre les revendications des empereurs byzantins, les ambitions du roi de Jérusalem et les attaques des turcs pour préserver sa liberté de femme et de princesse.
Renaud, devenu prince d'Antioche, est fait prisonnier par l'émir d'Alep... Malgré sa témérité reconnue de tous, il reste seize ans en captivité...
Constance étant morte, le roi de Jérusalem marie Renaud avec Étiennette de Milly ( + 1197), déjà deux fois veuve, suzeraine d'un des principaux fiefs du royaume, cette vaste Terre d'Outre-Jourdain, où plusieurs châteaux forts s'échelonnent sur une ligne de crête au delà de la mer Morte jusqu'à la mer Rouge. La principale forteresse de cette Terre d'Outre-Jourdain est Kérak de Moab.
A cette époque, le royaume est menacé par un ennemi redoutable, le sultan Saladin, qui est parvenu à réunir sous sa domination les États musulmans de Syrie et d'Egypte.
Bientôt Renaud de Châtillon devient son principal adversaire et lui inflige maintes défaites.
L'année suivante, Saladin va, avec une puissante armée, assiéger Renaud dans son grand château de Kérak, qui domine, à 1 000 mètres d'altitude, le rivage oriental de la mer Morte. Et, dans le récit de ce siège, se place un épisode plein de grâce et de galanterie.
* Le 22 novembre 1183, une fête splendide commence dans le grand château du désert ; la noblesse franque s'y est réunie, venant de très loin, pour les noces du fils d'Étiennette de Milly, Onfroy de Toron, avec Isabelle, fille du feu roi de Jérusalem, Amaury.
Tout à coup, on signale l'approche des troupes musulmanes. Cependant, la fête continue, et, tandis que les mangonneaux de Saladin martèlent les murailles, tandis que Renaud de Châtillon, avec ses hommes d'armes et ses perrières, soutiennent le combat, on danse au son des fanfares joyeuses dans la grand'salle pleine d'invités de haut lignage. Et le chroniqueur Ernoul nous raconte un trait de délicate courtoisie de la princesse Étiennette vis-à-vis de Saladin. Elle lui fait porter une part du festin nuptial dans son pavillon de soie tout brodé d'or et lui envoie son salut en lui rappelant qu'alors qu'elle était tout enfant, lui, Saladin, était otage dans le château et qu'il la portait dans ses bras. Et le Sultan, très ému par ce souvenir, lui répond par un geste véritablement chevaleresque : « II la merchia moût hautement », et il demande à ceux qui ont apporté ce présent «en quelle tour gîtaient les nouveaux mariés».- Et, quand on la lui montre, il fait crier par tout son ost que nul ne tente de lancer des traits contre cette tour ni de l'attaquer en aucune manière.
Cette fois. Saladin ne prit pas le château : l'armée du roi de Jérusalem, avertie par des feux allumés en haut du donjon (par temps clair, on voit le Jardin des Oliviers de l'autre côté de la mer Morte, à 80 kilomètres à vol d'oiseau), vint au secours de Kérak et Saladin dut lever le siège. Mais, quatre ans plus tard, il remportait une éclatante victoire à Hattin sur le roi de et il tuait de sa main Renaud de Châtillon.
Voilà de vielles histoires que raconte ( 130 ans plus tard..!) le vieux templier, Géraud de Saint-Martial... Mais revenons à
Charrières...
La commanderie se compose d’une ferme
et de dépendances, d’un château et d’une chapelle dédiée à
Sainte-Claire. Une fontaine nommée « Sainte-Claire » est
creusée à côté et en contrebas de la chapelle. Ce lieu de
dévotion sert à soigner les maladies des yeux.
Beaucoup de pierres de ce lieu saint ont été utilisées pour construire des maisons dans le village de La Faurie. En 1837 , le château de la commanderie, adossé à l’église sera détruit. Beaucoup de pierres de la chapelle ont été utilisées pour construire des maisons dans le village de La Faurie.
Images extraites du film '' Kingdom of Heaven''
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