A partir du XIIe siècle, l'Eglise
amène à elle le cimetière... Elle tient à s'opposer à la
tradition antique de séparer le monde des morts de celui des
vivants. Ce que l'on appelle le '' suffrage pour les défunts '' est
largement exploité alors... Au Moyen Âge, le purgatoire est
symboliquement illustré comme étant un lieu de feu purificateur...
Le culte des saints est lié à cette
pratique des suffrages en faveur des morts. ...
Les donations se font nombreuses, pour s’assurer un passage au
purgatoire... Il faut donner pour le salut de son âme …
Le clergé et la noblesse, sont inhumés
à l'intérieur de l'Eglise, et la population tient à l'être au
plus près … On connaît la volonté d’être inhumé au plus près
des murs de l’église, sous le larmier du toit, afin que l’eau de
pluie sanctifiée par le contact avec le lieu sanctifie à son tour
la tombe.
Le christianisme ne semble préoccuper
que par l'âme du défunt, les rites plus anciens ou coutumiers
s'occupent des corps, pour les aider à passer et les empêcher de
revenir tourmenter les vivants … Seuls le corps des saints fait
l'objet de vénération et de célébration ; de plus ils
peuvent intercéder pour les morts. Les moines deviennent de
véritables spécialistes, et intermédiaires obligés, pour le
salut. Cluny ( vers 1030) , invente une fête annuelle de tous les
défunts, le 2 novembre.
« Les morts étaient au centre de
la vie, comme le cimetière au centre du village. » Jean-Claude
Schmitt
Les croyances païennes restent
prégnantes, le roi des morts '' Hellequin '' règne sur une horde de
chevaliers damnés et guette au détour des chemins, le passant...
Les récits de revenants se développent ; ce sont en général
des fantômes de personnes qui ont succombé violemment..
Au cimetière de La Jonchère (
voir l'histoire de la Loba)
Les morts sont enveloppés dans un
linceul, la mise en terre dans un simple drap (linceul) blanc et
cousu. La mise en terre se fait ainsi sans cercueil durant plusieurs
siècles. Les défunts reposent dans des fosses en pleine terre, au
niveau de la tête, sur la tombe marquée y est fichée une simple
croix de bois. Les ossements, exhumés à l'occasion de nouvelles
inhumations (le cimetière ne pouvant s’étendre plus à cause des
habitations, et tous voulant être au plus prés de l’église
sanctuaire), sont déposés dans la crypte de l'église (pour les «
notables ») ou dans des ossuaires bâtis dans l’enceinte même du
cimetière.
Certaines tombes plus riches peuvent
comporter des pierres tombales qui servent, semble-t-il, de marque de
surface dans le cimetière tout en se distinguant des autres tombes
plus simples du peuple. On émet l’hypothèse que la nouvelle
eschatologie de l’église, la création de l’enfer et ses
revenants est pour beaucoup dans la mise en place de ces lourdes
dalles de pierre, pour empêcher le mort de ressortir…
C'est donc, à partir du XIIème siècle qu'apparaît l'habitude
de recouvrir les tombes de dalles, lesquelles réservées aux morts
respectables, moines en particulier, sont souvent massives, parfois
en forme de toit comme on le voit au Chalard. Sur certains de ces
"toits" dits en bâtière sont même sculptées des
ardoises ou des lauzes. Puis au XVème siècle, certaines de ces
tombes pourront comporter une croix et seront pourvues pour les
laïcs, d'une inscription voire d'un portrait.
Les classes aisées se font enfouir
dans les églises. Très rapidement, à cause des émanations
pestilentielles, un nouveau système d’enfouissement est mis en
place. Deux solutions sont utilisées :
- Le corps du défunt est mis en terre
dans le cimetière, puis ses restes sont recueillis et placés dans
l’église sous une dalle funéraire.
- Le corps du défunt est placé dans
un pourrissoir (sorte de sarcophage avec un trou d’évacuation),
puis ses restes sont enfouis dans l’église sous une dalle
funéraire. Il existait même des pourrissoirs collectifs.
Dans l’ancien cimetière de La
Jonchère, (d’après les Abbés Lecler et Pailler et les écrits du
Sieur De Valeize), il y avait une chapelle octogonale toute en
pierres (vers l’actuelle entrée) détruite lors de la révolution.
Les ossements sont mis dans une crypte
par un oculus dans le sol, en attente du jugement dernier et de la
résurrection des corps. Un escalier permet de descendre pour ranger
les ossements.
Au XIIIème siècle se généralise le cercueil en bois et la tradition de placer au cou du mort, ou plutôt à ses mains croisées, un chapelet, et aussi de l'accompagner d'une pièce sensée payer le passage de l'Archéron, ainsi que d'un vase d'eau bénite pour le protéger des mauvais esprit et faciliter son accès auprès du très haut.
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