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jeudi 31 août 2017

La Quête du Graal : La Procession du Graal – 21/21 -

* Quelle est votre Question ? ( en conclusion de l'étape précédente..) : Le Rétablissement..
- « Que vois-je de ''rétabli'' ?.»
Entrez !
Dans cette procession sont portés, le Graal et les autres objets sacrés, à travers les salles du Temple. Plusieurs des personnages archétypaux, que nous avons rencontrés, sont présents : le Roi Salomon, la Reine de Saba, la Chekhinah, Galaad et le Chercheur …

Galaad, Perceval et Bohort, ont conduit le corps de Dandrane et la Coupe sacrée dans la ville de Sarras, là même où ils ont connu l'expérience de la Révélation des mystères divins.
Galaad est devenu Roi de Sarras pendant un temps, jusqu'à ce qu'il voit les ''choses spirituelles'' : le monde était-il devenu trop lourd... ?

Le Graal est retiré du monde des hommes par une main sortie des nuages, qui le monte au ciel. ( cf Texte ci-dessous )

D'autres disent que le Graal est resté sur terre, confié aux bons soins de Perceval et, après lui, de son frère Feirefis, puis du Prêtre Jean... Que sont devenus les gardiens du Graal … ?


On raconte que longtemps après l'époque du Roi Arthur, lorsque la Quête du Graal n'était plus qu'un vague souvenir, deux jeunes chevaliers étaient partis à sa recherche... Lorsqu'ils avaient fini par revenir après une très longue absence, ils avaient beaucoup changé. Aux questions à propos de ce qu'ils avaient vu, ils s'étaient contentés de répondre : « Allez où nous sommes allés et vous verrez. »

Ensuite ; ils auraient dit que, pour eux, « les choses ne faisaient que commencer »...

Sources : Le Tarot du Graal de John Matthews

vendredi 25 août 2017

La Quête du Graal : Bohort - 19/21 -

* Quelle est votre Question ? ( en conclusion de l'étape précédente..) : Dandrane..
- « Qui ou quoi va me permettre de ''vraiment '' voir….... »
Entrez !
Le Chercheur combat avec Bohort, qui l'aide ainsi à se débarrasser des derniers vestiges des liens matériels qui le retiennent...

Bohort est le troisième membre du trio de chevaliers ayant trouvé le Graal.
Souvent désigné comme un ''homme ordinaire'', bien que l'un des meilleurs chevaliers de la Table ronde, il est le fils du roi Bohort de Gaunes ; cousin de Lancelot et de Hector ; neveu paternel du roi Ban de Bénoïc.
Marié, il reste fidèle à sa femme, et à la Quête, malgré la tentation exercée par les ''femmes démoniaques''...

L'engagement de Bohort envers la Quête reste certain et inébranlable. Quand Perceval, Galaad et Dandrane sont soit morts, soit retirés dans le monde du Graal, Bohort retourne seul à la cour du Roi Arthur de Camelot pour raconter le dernier chapitre de l’Histoire.

Rescapé de la terrible Bataille de Camlan, il aurait péri en Terre Sainte, lors de la Croisade... Il aurait alors rencontré les Templiers... Si la chronologie semble passer allègrement les années, peut-être pourrait-on alors évoquer la Pierre Philosophale des alchimistes et l’élixir de longue vie (Elixir Vitae)...

Cependant, ici, dans l'illustration du Tarot, Bohort donne une leçon au Chercheur en le défiant , et lui rappeler que sa chair est mortelle !

-- Pour continuer le Chemin : - Préparez votre question...
Sources : Le Tarot du Graal de John Matthews

mardi 22 août 2017

La Quête du Graal : Dandrane - 18/21 -


* Quelle est votre Question ? ( en conclusion de l'étape précédente..) : Perceval...
- « Quelle est Ma question, »

Entrez ! 
Dandrane est la sœur de Perlesvaus( alias Perceval) ( voir Perlesvaus ou Haut Livre du Graal et La Quête du Saint Graal de 1230 ). Elle est aussi la nièce du Roi Pêcheur ( Perceval avait une sœur qui restait anonyme dans la Quête du saint-Graal).
Dans Perlesvaus, elle se rend à la Chapelle du Cimetière Périlleux afin d'y récupérer un morceau de linceul qui permettra de vaincre l'ennemi de la Veuve Dame. Une voix céleste l'avertit de la mort du Roi Pêcheur. Enlevée par Aristor, elle est délivrée par son frère.
Elle meurt au Château du Graal. 


Ici, dans cette image, Dandrane, est assise devant un autel rudimentaire au-dessus duquel les 4 objets sacrés flottent dans les airs : le calice, la pierre, l'épée et la lance. Ils n'ont pas de substance, car Dandrane les voit lors d'une vision... Le Chercheur hésite à entrer … Le ciel est obscur, la lune éclaire le paysage …

Dandrane voit le Graal, avant même qu'il ne devienne l'objectif principal des chevaliers de la Table Ronde. Elle se joint à la Quête

Aux derniers jours de la Quête, elle accompagne Perceval, Galaad et Bohort à bord de la nef de Salomon et interprète les messages laissés par le roi à l'intention de ceux qui s'y embarquent.

Dandrane va donner son sang, pour sauver une femme lépreuse qui ne peut être sauvée que par le sang d'une jeune fille pure et innocente... Quelque chose tourne mal, et elle saigne à mort …

La Nef conduira son corps à Sarras, la ville sainte du Graal, où elle est enterrée.


Pour continuer le Chemin : - Préparez votre question...

Sources : Le Tarot du Graal de John Matthews

samedi 19 août 2017

La Quête du Graal : Perceval - 17/21 -

* Quelle est votre Question ? ( en conclusion de l'étape précédente..) : La Chute du Temple...
- « Éventuellement : Quel piège.. et comment en sortir ?»
Entrez !
Le chercheur du Graal se tient devant une forme... ''imaginaire''... Archétypale... ?
La forme de Perceval qui porte le Graal scintillant de lumière. Il l'offre au chercheur qui semble hésiter à l'accepter. En arrière-plan, on aperçoit la Chekhinah voilée de la lame 11.

La carte 17 ( L’Étoile) nous amène au moment, où les mystères du Graal commencent à se révéler eux-mêmes au Chercheur. Les trois chevaliers considérés comme ayant trouvé le Graal figurent dans la dernière séquence d'images.

Ici, le Chercheur du Graal rencontre Perceval, le protagoniste du texte arthurien le plus ancien du Graal : '' Le Conte du Graal '' de Chrétien de Troyes du XIIe siècle.

La Quête de Perceval, est laborieuse, hésitante, parfois pénible … En arrivant à un château sans nom, il rencontre le roi blessé et assiste à la procession du Graal, mais faillit à demander sa signification. Au matin, il se réveille dans le château désert et commence un log voyage qui l'y ramènera, ayant acquis la sagesse nécessaire pour poser la question primordiale qui guérira le roi...

La sagesse ( la Chekhinah) cachée, peut enfin se communiquer à ceux qui désirent l'entendre...
Cette image, montre la voie vers une compréhension plus profonde des énergies juvéniles qui émergent de nous et peuvent réapparaître à tout moment de la vie.
Pour continuer le Chemin : - Préparez votre question...
Sources : Le Tarot du Graal de John Matthews

cf ----> Articles sur …...L'HISTOIRE DE PERCEVAL, LE CHEVALIER...

dimanche 13 août 2017

La Quête du Graal : Lucifer - 15/21 -

* Quelle est votre Question ? ( en conclusion de l'étape précédente..) : Sarras...
- « Comment, je vois mon but, après la Quête? »
Entrez !
Le personnage de Lucifer est beaucoup plus ambigu que celui du Diable, auquel il est associé... Lucifer était un ''ange de lumière'' révolté contre Dieu. La conséquence est sa chute sur terre ; au cours de sa chute, son épée d'émeraude s'est modifiée en coupe : autre aspect du ''Graal''...

Le ''Parzifal'' de Wolfram von Eschenbach décrit le Graal comme une pierre verte tombée du front de Lucifer - par un coup d'épée de l'archange Michel - pendant cette guerre céleste. Cette pierre avait le pouvoir de prolonger la vie et de transformer de façon mystérieuse ceux qui venaient en contact avec elle.
« Jadis cette pierre ornait le front de Lucifer, le plus lumineux des anges aimés de Dieu. Lors de sa chute elle tomba aussi et jusqu’à ce qu’il la retrouve, Lucifer devra errer, soumettant à la tentation les malheureux et les faibles. » NELLI, Lumière du Graal p. 18. VANSITTART, dans Parsifal,

On raconte également que cette pierre serait tombée au Paradis terrestre et emportée par Adam et Ève en signe d'espoir. Cette pierre aurait été transmise de génération en génération à Moïse, Salomon, et transformée en coupe ; jusqu'à Jésus et Joseph d'Arimathie ( par l'intermédiaire de Ponce-Pilate...!) .
A noter aussi, ce que Le Coran (7.10-17) dit de Lucifer : il ne voulut pas se prosterner devant Adam... Dans l'Islam, il parait que l´émeraude est représentative de l´Âme tandis que la couleur verte, l´est de l´Illumination. Avec Lucifer, le bien et le mal sont peu délimités...

Parmi les accusations portées contre les Templiers, l'une concerne un culte rendu au ''Baphomet''... Cela pourrait être une référence à l'amitié qui se serait développée entre des templiers et certains musulmans... Cela pourrait être également une suspicion de sympathie pour des groupes gnostiques qui se référeraient à Lucifer comme un émissaire divin …

Dans la légende arthurienne, le '' Chevalier Vert '' peut être rapproché de cette figure.. Il représente celui qui met au défi tous les chercheurs dans leur quête. Il répond aux questions, donne des conseils, et pose aussi des énigmes. Ceux qui pensent tout savoir, il les égare et les tourmente...
Le ''Diable ''-'' Chevalier Vert '' représente le défi, les obstacles dont je dois venir à bout... Il matérialise mes peurs, mon ignorance, ma stagnation ...etc

Nb/ Le personnage de Mordred, pourrait aussi faire penser à l'ange déchu...

Pour continuer le Chemin : - Préparez votre question...

Sources : Le Tarot du Graal de John Matthews

Voir ----> Articles sur …...
GAUVAIN ET LE CHEVALIER VERT -1/2-

GAUVAIN ET LE CHEVALIER VERT -2/2-

vendredi 4 août 2017

La procession du Graal au château du Roi Pêcheur


Episode du GRAAL, dans le château du Roi Pêcheur: 

Texte de Chrétien de Troyes

Et il s'en va, la lance haute, armé comme il était venu.
Il tient chemin toute la journée, sans faire rencontre de nulle créature terrienne qui lui sache indiquer sa voie. Sans cesse il fait prière à Dieu, le Père Souverain, Lui demandant, s'Il le veut bien, de trouver sa mère en bonne vie et en santé.
Il priait toujours quand, descendant d'une colline, il parvient à une rivière. L'eau en est rapide et profonde. Il n'ose s'y aventurer. "Seigneur, s'écrie-t-il, si je pouvais passer cette eau, je crois que je retrouverais ma mère si elle est encore en ce monde!"
Il a longé la rive. Approche d'un rocher entouré d'eau qui lui interdit le passage. À ce moment, il voit une barque qui descend au fil du courant. Deux hommes y sont assis. Sans bouger il les attend, espérant les voir au plus près. Mais ils s'arrêtent au milieu de l'eau, ancrent leur barque fortement. L'homme à l'avant de la barque pêche à la ligne, piquant à l'hameçon le leurre d'un petit poisson pas plus gros que menu vairon.

Le chevalier qui les regarde, ne sait comment il peut passer cette rivière. Il salue les gens. Il leur dit: "Seigneurs, me direz-vous où il est un pont ou un gué?"
Le pêcheur lui répond:
"Non, frère, vingt lieues en aval ou amont il n'est ni gué, ni pont, ni barque plus grande que celle-ci qui ne porterait pas cinq hommes. On ne peut passer un cheval. Il n'est ni bac, ni pont, ni gué.
-Par le nom de Dieu, dites-moi où je trouverai un logis pour cette nuit.
-Vous en aurez besoin, c'est vrai. De logis comme d'autre chose. C'est moi qui vous hébergerai pour cette nuit. Montez par cette brèche que vous voyez là dans la roche. Quand vous serez dessus le haut, vous apercevrez un vallon et une maison où j'habite près de la rivière et des bois."

Pousse son cheval par la brèche jusqu'au sommet de la colline. Il regarde au loin devant lui mais ne voit rien que ciel et terre. "Que suis-je ici venu chercher sinon niaiserie et sottise? Que Dieu couvre de male honte qui m'a enseigné mon chemin! Vraiment, je vois une maison à découvrir ici en haut! Pêcheur, tu m'as dit un beau conte! Tu as été trop déloyal si tu me l'as dit pour me suivre!"

À peine a-t-il ainsi parlé qu'il aperçoit en un vallon la pointe d'une tour. De ce lieu-ci jusqu'à Beyrouth on n'eût point trouvé une tour si bien plantée! Oui, c'était une tour carrée de pierre bise et deux tourelles. L'était en avant une salle et, devant la salle, des loges.

Le cavalier descend par là. "Celui qui m'enseigna la voie, il m'a bien conduit à bon port!" Maintenant se loue du pêcheur et, comme il sait où héberger, ne le traite plus de tricheur ou de félon ou de menteur. Joyeux il s'en va devers la porte. Trouve baissé le pont-levis.
Tout juste est-il dessus le pont qu'il rencontre quatre valets. Deux valets ôtent son armure, un autre emmène son cheval, lui donner avoine et fourrage; le dernier vient au cavalier et lui recouvre les épaules d'un manteau de fin écarlate neuf et brillant. Les valets le mènent aux loges. D'ici au moins jusqu'à Limoges on n'en eût trouvé de si belles. 

Le cavalier s'y attarde jusqu'au temps où viennent le quérir deux serviteurs. Il les suit. Au milieu d'une vaste salle carrée se trouve assis un prudhomme de belle mine, aux cheveux déjà presque blancs. Il est coiffé d'un chaperon de zibeline aussi noire que mûre. S'enroule autour du chaperon une étoffe de pourpre. De mêmes matières et couleurs est faite la robe du prudhomme. Penché, il s'appuie sur son coude. Au milieu de quatre colonnes, devant lui brûle un clair grand feu. Si grand que quatre cents hommes au moins auraient pu se chauffer autour sans que la place leur manquât. Les hautes et solides colonnes qui soutenaient la cheminée étaient oeuvres d'airain massif.

Accompagné des deux valets, devant ledit seigneur paraît l'hôte qui s'entend saluer: "Ami, vous ne m'en voudrez point si pour vous faire honneur je ne puis me lever: mes mouvements sont malaisés."
L'hôte répond: "Au nom de Dieu n'ayez souci! Toutes choses sont bien ainsi."
Le prudhomme s'en soucie si fort qu'il fait effort pour se soulever de son lit. Il dit: "Ami, ne craignez point! Approchez-vous! Asseyez-vous tout près de moi. Je vous l'ordonne."
L'hôte s'assoit. Et le prudhomme lui demande:
"Ami, d'où venez-vous aujourd'hui?
-Sire, ce matin j'ai quitté un château nommé Beaurepaire.
-Dieu me garde! Vous avez eu longue journée! Ce matin vous étiez en route avant que le guetteur ait corné l'aube!
-Non sire. C'était déjà prime sonnée, je vous assure."
Pendant qu'ils parlent entre un valet, une épée pendue à son cou. Il l'offre au seigneur qui la sort un peu du fourreau et voit clair où l'épée fut faite car c'est écrit dessus l'épée. Il la voit d'un acier si dur qu'en aucun cas elle ne se brise sauf un seul. Et seul le savait qui l'avait forgée et trempée.

Le valet, qui l'avait portée, dit: "Sire, la blonde pucelle, votre nièce la belle, vous fait présent de cette épée. Jamais n'avez tenu arme plus légère pour sa taille. La donnerez à qui vous plaira, mais ma dame en serait contente si cette épée était remise aux mains de qui serait habile au jeu des armes. Qui la forgea n'en fit que trois. Comme il mourra, n'en pourra jamais forger d'autre."

Sitôt le seigneur la remet au jeune hôte, la présentant par les attaches valeureuses telle un trésor. Car le pommeau était en or, de l'or le plus fin d'Arabie ou bien de Grèce, le fourreau d'orfroi de Venise. Si précieuse, il lui en fait don: "Beau sire, cette épée fut faite pour vous. Et je veux qu'elle soit à vous. Ceignez-la et dégainez-la."

Ainsi fait le jeune homme en remerciant. Et, la ceignant, laisse un peu libre le baudrier. Tire l'épée hors du fourreau et, quand il l'a un peu tenue, il la remet. Elle lui convient à merveille, au baudrier comme au poing. Et il paraît bien être l'homme à en jouer en vrai baron.
Il confie l'épée au valet gardant ses armes, qui se tient debout près des autres autour du grand feu vif et clair. Puis volontiers vient se rasseoir auprès du généreux seigneur. Telle clarté font dans la salle les flambeaux qu'on ne pourrait trouver au monde un hôtel plus illuminé!

Comme ils parlaient de choses et d'autres, un valet d'une chambre vint, qui lance brillante tenait, empoignée par le milieu. Il passa à côté du feu et de ceux qui étaient assis. Coulait une goutte de sang de la pointe du fer de lance et jusqu'à la main du valet coulait cette goutte vermeille. Le jeune hôte voit la merveille et se roidit pour n'en point demander le sens. C'est qu'il se souvient des paroles de son maître en chevalerie. Ne lui a-t-il pas enseigné que jamais ne faut trop parler? Poser question c'est vilenie. Il ne dit mot.

Deux valets s'en viennent alors, tenant en main des chandeliers d'or fin oeuvré en nielle. Très beaux hommes étaient ces valets qui portaient les chandeliers. En chaque chandelier brûlaient dix chandelles à tout le moins. Une demoiselle très belle, et élancée et bien parée qui avec les valets venait, tenait un graal entre ses mains. Quand en la salle elle fut entrée avec le Graal qu'elle tenait, une si grande lumière en vint que les chandelles en perdirent leur clarté comme les étoiles quand se lève soleil ou lune. Derrière elle une autre pucelle qui apportait un plat d'argent. Le Graal qui allait devant était fait de l'or le plus pur. Des pierres y étaient serties, pierres de maintes espèces, des plus riches et des plus précieuses qui soient en la mer ou sur terre. Nulle autre ne pourrait se comparer aux pierres sertissant le Graal. Ainsi qu'avait passé la lance, devant lui les pierres passèrent. D'une chambre en une autre allèrent. Le jeune homme les vit passer, mais à nul n'osa demander à qui l'on présentait ce Graal dans l'autre chambre, car toujours il avait au coeur les paroles de l'homme sage, son maître en chevalerie.

Je crains que les choses ne se gâtent car il m'est arrivé d'entendre que trop se taire ne vaut parfois guère mieux que trop parler. Donc, qu'il en sorte heur ou malheur, l'hôte ne pose nulle question.

Le seigneur commande alors d'apporter l'eau, mettre les nappes. Et font ainsi les serviteurs. Lors le seigneur comme son hôte lave ses mains, dans une eau chauffée tout à point. Deux valets apportent une large tour d'ivoire faite d'une pièce, la tiennent devant le seigneur et son hôte. D'autres valets mettent en place deux tréteaux doublement précieux: de par leur bois d'ébène ils dureront un très long temps; nul danger qu'ils brûlent ou pourrissent. Rien de tel ne saurait leur advenir. Sur ces tréteaux les valets ont posé la table; sur la table étendu la nappe. Que dirai-je de cette nappe? Jamais légat ni cardinal ni pape ne mangera sur nappe plus blanche! Le premier plat est une hanche de cerf, bien poivrée et cuite dans sa graisse. Boivent vin clair et vin râpé servi dedans des coupes d'or. C'est sur un tailloir en argent que le valet tranche la hanche et en dispose chaque pièce sur un large gâteau.
Alors, devant les deux convives une autre fois passe le Graal, mais le jeune homme ne demande à qui l'on en sert. Toujours se souvient du prudhomme l'engageant à ne trop parler. Mais il se tait plus qu'il ne faudrait.

À chaque mets que l'on servait, il voit repasser le Graal par-devant lui tout découvert. Mais ne sait à qui l'on en sert. Point n'a désir de le savoir. Il sera temps de demander à l'un des valets de la cour le lendemain dès le matin quand il quittera le seigneur et tous ses gens.
On lui sert à profusion viandes et vins les plus choisis, les plus plaisants qui sont d'ordinaire sur la table des rois, des comtes, des empereurs.
Quand le repas fut terminé, le prudhomme retint son hôte à veiller pendant que les valets apprêtaient les lits et les fruits. On leur offrit dates, figues et noix-muscades, grenades, girofles, électuaire pour terminer et encore pâte au gingembre d'Alexandrie et gelée d'aromates.
Ils burent ensuite de plusieurs breuvages: vin au piment sans miel ni poivre, bon vin de mûre et clair sirop.
Le Gallois s'émerveille de tant de bonnes choses qu'il n'avait jamais goûtées.
Parsifal quitte le château   par William Pogany


Enfin le prudhomme lui dit: "Ami, c'est l'heure du coucher. Si vous me permettez je vais retrouver mon lit dedans ma chambre. Hélas, je n'ai nul pouvoir sur mon corps! Il faut que l'on m'emporte."
Entrent alors quatre serviteurs très robustes qui saisissent la courtepointe où le seigneur demeure couché et l'emportent dedans sa chambre.

Le jeune homme reste là, seul avec valets pour le servir et prendre bien soin de lui. Puis quand le sommeil le gagne, ils le déchaussent, le dévêtent et le couchent dans un lit garni de draps de lin très fins. Jusqu'au matin il y dormit.
Dès le point du jour s'éveilla. Toute la maison était déjà levée mais personne ne se trouvait auprès de lui. Il lui faudra donc s'habiller seul, qu'il le veuille ou non. N'attend une aide de quiconque, se lève et se chausse, va prendre ses armes posées là sur la table proche. Dès qu'il est prêt, il va de porte en porte qui étaient ouvertes la veille. Mais c'est en vain: portes fermées et bien fermées! Il appelle, il frappe très fort et encore plus, mais personne ne lui répond.

Il en est là, va à la porte de la salle. Elle est ouverte. Il en descend tous les degrés jusqu'en bas. Il trouve son cheval sellé, sa lance auprès de là et son écu contre le mur. Il monte et va partout cherchant mais il ne rencontre personne: sergent, écuyer ni valet. Le pont-levis est abaissé vers la campagne. Nul n'a donc voulu le retenir, quelle que soit l'heure, quand il voudrait quitter ce lieu! Mais il pense bien autrement: ce sont les valets, se dit-il, qui sont partis sur le chemin de la forêt relever des pièges et des cordes. Va donc aller de ce côté pour en trouver quelqu'un, peut-être, qui dise où l'on porte ce Graal et pourquoi cette lance saigne. Passe le pont pensant ainsi, mais quand il est dessus la planche il sent bien que les pattes de son cheval bondissent d'un coup. Par bonheur elles sautent à merveille, sinon cheval et cavalier auraient pu s'en tirer très mal! Il tourne la tête en arrière et voit qu'on a levé le pont sans que nul se soit montré. Il appelle, mais point de réponse.
Il crie: "Dis-moi, toi qui as levé le pont: Réponds-moi! Où te caches-tu? Montre-toi, car j'ai quelque chose à te dire!"
Vaines paroles! Nul ne lui répondra.

vendredi 2 octobre 2015

Tarot -4- L'Empereur, le roi Arthur.

Une petite détente avec le symbolisme des images, qui illustrent la Quête de Perceval ... 

Le Tarot de la Quête du Graal

- Les arcanes majeurs ou '' grands pouvoirs''
L'Empereur porte le nombre 4 qui est le nombre de la stabilité et de la solidité. C'est la carte de l'autorité du pouvoir et de l'action. Il a le pouvoir de la réalisation des projets.
L’Empereur, désigne l’époux ou l’équivalent au masculin de l’Impératrice. Ensemble, l’Empereur et l’Impératrice forment un couple idéal pouvant servir de modèle de référence. Ils alimentent les rêves de la plupart d’entre nous (enfants, pour le moins) soit notamment, être riche et respecté.
Sur le plan spirituel, on constate que l’Empereur se repose sur ses biens. Il est bourré d’attributs et parures.
L’apparence prime dans cette figuration. L’intelligence de l’Empereur est pragmatique, rationnelle, logique. Il a reçu une bonne éducation. Ce dernier manque de fantaisie et de créativité, contrairement à l’Impératrice. Son esprit productif est sur la défensive. Cet individu privilégie le plaisir de ses sens, il fonctionne sur un mode sensitivo-instinctif.
L’Impératrice et l’Empereur forment un couple absolument complémentaire. Ils sont à la fois pareils (ils ont à peu près les mêmes attributs, par exemple) et à la fois contraires, opposés. L’Impératrice est une représentation de l’introversion alors que l’Empereur, de l’extraversion.
L’Empereur, sous son apparence virile dissimule une fragilité (le vêtement bleu sous la cape rouge), alors que l’Impératrice, d’apparence docile et soumise, s’avère concrètement plus forte, peut-être plus déterminée et créative.
Arthur est assis sur un trône de pierre au sommet d'une montagne. L'étendard au dragon flotte derrière lui et Excalibur est posée sur ses genoux. Un crave de Cornouailles est perché près du trône.
Son premier rôle est sa tutelle et sa défense du pays... Parce qu'il est une figure héroïque, il rassemble une cour secrète, où abondent chevaliers, dames, dieux et déesses...
Petit à petit, Arthur est un prête-nom et se fonde sur le modèle d'une royauté chrétienne ; il ne prend plus part lui-même à des aventures – elles sont le fait de chevaliers de sa cour, en particulier Gauvain... 
Dans l'ancienne Tradition Arthur secoure Gwenhwyfar, rencontre la déesse de la souveraineté (XI) ... Il est un leader actif. La déesse est le guide vers la royauté, elle lui fournit une femme et le reçoit finalement dans l'île d'Avalon d'où, dit la prophétie, il reviendra pour défendre le pays...
Son énergie créatrice est alimentée par le contact de l'Autre-Monde...
Une autre figure correspondant à l’Empereur, est le Roi Salomon.
Dans la tradition du Graal, Salomon est l'ancêtre de Galaad...
Salomon offre une direction précise et déterminée au voyage, aidant le Chercheur à comprendre les mystères de la Quête
- la Question du Graal : De quelle aide pouvez-vous disposer ?
Sources : Le Tarot Arthurien de Caitlin et John Matthews
et le site de Walter Boralis: http://secretsdutarot.blogspot.fr/

mercredi 9 septembre 2015

Parsifal, vers Montsalvat... Paysages

Parsifal en chemin vers Montsalvat d'André Kosslick artiste allemand 1703-1770
Parsifal vor der Gralsburg - Hans Werner Schmidt 
montsalvat mit der Grassburg - M Bruckner


Hermann Hendrich, Saint Grail Legend, Parsifal brings the Saint Spear to the Grail Castleparsifal-hendrich
Parsifal - Döbröntei Zoltán festményeHermann Hendrich, Saint Grail Legend, The enchantment of Good Friday

mardi 11 février 2014

Méditation: le poids d'une armure....

Méditation ( toute personnelle …!), contemplation du texte d'Evangile : Marc 6, 7-13

«  Jésus envoie ses disciples 2 par 2 », et sans 'matériel'... Schématiquement : je préfère partir seul et en 'armure' … !
A deux, cela signifie à la fois être en charge de quelqu'un, ou à la charge … sans doute successivement... Il est souvent plus facile de sauver ponctuellement quelqu'un, que de l'avoir constamment avec soi …

Etre en armure, c'est afficher sa force, faire obstacle … Ne rien emporter, c'est affirmer sa faiblesse, sa fragilité …

La mission dont parle Jésus est celle du combat, et il fournit l'épée ( l'Excalibur …) :
«  Il leur donnait pouvoir sur les esprits mauvais » C'est au départ de l'envoi en mission …
  • Je lis donc que sans ce ' pouvoir '… la Quête risque d'être infructueuse...
  • Je lis que ce 'pouvoir ' permet d'offrir ensuite la guérison et peut-être la possibilité d'être transformé

Souvent, Seigneur … J'ai l'impression de ne pas avoir encore pu retirer l'épée de son socle … Je ressens un véritable manque de 'pouvoir' …
Ma seule conviction, c'est d'être en contact avec ce que tu m'as légué ( et qui ne dépend pas de moi... C'est un ' don ' ) : Ta Parole …
Puisse ton esprit m'habiter... pour abandonner mon armure, et gagner quelque pouvoir ….


Quelques compagnons m'ont fait passer ce texte... qui effectivement, peut me parler … A suivre...
Saint-Paul : Ephésiens Chap. 6

6:10 Au reste, fortifiez-vous dans le Seigneur, et par sa force toute-puissante.
6:11 Revêtez-vous de toutes les armes de Dieu, afin de pouvoir tenir ferme contre les ruses du diable.
6:12 Car nous n'avons pas à lutter contre la chair et le sang, mais contre les dominations, contre les autorités, contre les princes de ce monde de ténèbres, contre les esprits méchants dans les lieux célestes.
6:13 C'est pourquoi, prenez toutes les armes de Dieu, afin de pouvoir résister dans le mauvais jour, et tenir ferme après avoir tout surmonté.
6:14 Tenez donc ferme : ayez à vos reins la vérité pour ceinture ; revêtez la cuirasse de la justice ;
6:15 mettez pour chaussure à vos pieds le zèle que donne l'Évangile de paix ;
6:16 prenez par-dessus tout cela le bouclier de la foi, avec lequel vous pourrez éteindre tous les traits enflammés du malin ;

6:17 prenez aussi le casque du salut, et l'épée de l'Esprit, qui est la parole de Dieu.

mardi 28 janvier 2014

L'Humain, le Divin et la Violence... -2/3- Perceval

Dans le roman de Chrétien de Troyes «  Perceval ou le roman du Graal », la violence du système que représente la Chevalerie ( ce qu'elle est devenue / à celle dont on rêve …) n'est plus assumée...
En effet, la chevalerie qui se fonde sur la violence engendre la violence...

* Perceval n'a pas su parler lorsqu'il a quitté sa mère ( qui a gardé un secret familial) , qui le retenait parce qu'elle connaissait l'effroyable système dans lequel il s'engageait. Ce système avait tué ses deux premiers fils et son mari lui-même. Les non-dits ont créé une situation de conflit intérieur, lié à l'identité …
Dans la plupart des 'aventures' - Sans cesse - la mort est à la croisée des chemins. La seule vraie trace d'humanité, c'est quand la « grâce » est accordée à celui qui a perdu le combat. Mais beaucoup de combats se terminent par la mort du perdant.
L'Église semble cautionner - jusque-là - la chevalerie ; et la violence recrucifie le Christ : le roi est blessé, et le Gaste Pays est à l'abandon....
* La lance, symbole de la violence mais aussi de la parole, laisse tomber des gouttes de sang. Le sang n'est pas dans le calice, sous la forme du vin. Il y a seulement l'hostie. Aussi le corps que l'Eglise distribue dans l'eucharistie n'est qu'un corps mort.
* Perceval, dans ce contexte de « la mort répandue », rencontre un ermite qui lui porte un autre témoignage, en faisant émerger la parole. Mais il est trop loin de la vie pour répandre l'amour. Perceval reste muet.
Dans ce roman, se glisse ainsi la critique des croisades, qui manifestent la collusion entre la chevalerie et l'Église … L'amour évangélique, et humain n'a plus de sens et la femme n'a pas sa place ...

L'amour humain est soumis à la violence et à la mort, en rétrogradant de « révélation », et faisant fi de la révélation christique. La parole n'est plus dite...
Le malheur est fréquemment à la clef parce que la parole nécessaire n'est pas dite. La femme maudite provoque la mort parce qu'un homme lui a arraché son amant et lui a fait vivre le viol, en dehors de toute parole. Perceval, lui-même est enfermé dans cette logique morbide …

Le Graal, alors, si ardemment recherché peut représenter l'Esprit Saint 

jeudi 9 mai 2013

Le conte du Graal, mythe et christianisation -2-


Le conte du Graal, comme roman mythique ?
Roman initiatique : Le conte est l'itinéraire de Perceval : il accumule les bourdes par son ignorance, oublie Dieu pendant cinq ans et fait montre d’un manque de courtoisie à toute épreuve, avant de renoncer à la gloire mondaine pour embrasser la cause du Graal. Il gagne l’autonomie de la pensée et du langage, et, en se libérant des schémas figés et étroits que lui avait inculqués sa mère, franchit le passage de l’adolescence à l’âge adulte.
On peut aller plus loin : en reconnaissant toujours la même scène qui se répète : de la rencontre initiale avec les chevaliers jusqu’à la scène du graal, en passant par la rencontre de Blanchefleur et les gouttes de sang sur la neige... C'est à dire la rencontre avec l'autre, que ce soit par un visage humain, ou une forme abstraite... Cette rencontre avec l’Autre, qu’il soit humain, merveilleux ou divin, révèle à Perceval l’être, le mystère …

Dès lors, si le roman de Chrétien de Troyes est une réflexion sur l’impossible rencontre avec l’Autre, si Perceval n’est plus un chevalier particulier mais un individu qui vaut pour tout le genre humain, s’il touche à une activité humaine fondamentale et significative investie d’une valeur d’exemplarité, alors il a bien un caractère mythique
Le souvenir trop lointain du mythe primitif donne naissance à un mythe nouveau, car cette idéologie est peut-être chrétienne, mais elle est, plus sûrement, le support de quelque mystère dont on a perdu la trace et la signification aujourd’hui. Mais peu importe, finalement, que cette signification ait été oubliée, puisque c’est justement dans cet oubli du sens que se construit aujourd’hui la dimension mythique du Conte du graal.


La christianisation contre le mythe ?
La question est de savoir si les romans du graal gardent un aspect mythique lorsqu’ils deviennent chrétiens ?
Si ce qui donne au roman de Chrétien de Troyes son caractère mythique, c’est sa capacité à laisser la signifiance du graal ouverte, vide ou en devenir, en gardant possible l’interprétation par le non-sens ou par une forme de présence absolue du rien – néant ou chose absolue, altérité irréductible. Alors, c'est précisément dans cette béance que vont s’engouffrer les successeurs de Chrétien de Troyes, et la christianisation, en réduisant le sens du graal en un sens unique... récit qui devient une sorte d'hagiographie d'une relique qui remonte à Joseph d’Arimatie ...


Le poème épique allemand : Parsifal, est composé de 1205 à 1215 par Wolfram d'Esehenbach
 Plutôt que de ramener à un temps mythique où hommes, fées, géants et autres créatures féériques cohabitaient, peut-on sans perdre le mythe, renvoyer à l'an zéro : naissance du Christ et début d'une histoire... ? Ou, s'agit-il de la naissance d'un nouveau mythe : celui de la chevalerie : le mythe se serait déplacé du graal à la chevalerie, de l'initiation d'un jeune homme à quelque mystère, à la justification chrétienne de la chevalerie … ?

Pour certains : Mythe et christianisation semblent présenter une incompatibilité fondamentale ; ils sont « adversaires » [Brunel 1988, p.10] : le premier est implicite, appuyé sur un en-deçà du récit et de la raison, la seconde est portée par un discours construit, rationnel et conscient.

Sources : Catherine Nicolas maître de conf. Montpellier

mardi 7 mai 2013

Le Graal : mythe et christianisation. -1-


Je reviens, avec Perceval, à la question du "sens"... Du mythe à la religion, y a t-il place chez l'humain à un "vide" que le mystère seul peut remplir … ?

Nous connaissons de source sûre, le Conte du Graal rédigé par 
Chrétien de Troyes (1135-1183) *,
  présenté donc comme un texte littéraire... Nous ne connaissons pas ( scientifiquement) de traces du mythe oral qui l'a précédé. Cependant ce texte a lui-même évolué : le graal du XIIe siècle, objet mystérieux et énigmatique dont Chrétien de Troyes ne dévoile ni les origines ni le contenu n’est pas le Saint Graal de Robert de Boron, explicitement lié à l’histoire du Christ par l’intermédiaire de Joseph d’Arimathie.
Cette distinction, est assez marquante, pour reconnaître avoir à faire dans un mythe en évolution, et même de parler de christianisation d'un mythe.




Joseph d'Arimathie et ses compagnons emportant le Graal de Palestine, détail du manuscrit (1220-1230) conservé à la bibliothèque de Rennes

Le graal est-il mythique chez Chrétien de Troyes ? Si oui, reste-t-il mythique lorsqu’il devient chrétien ?

Chrétien de Troyes se contente, selon le prologue, d’arrimer, de mettre en vers, le livre du Graal que lui a donné Philippe de Flandres et, plus sûrement, il donne une forme poétique à un récit oral qu’on pourrait qualifier de mythe originel et dont on ne connaît ni le contenu précis ni les origines géographiques.
D’après Pierre Gallais( éminent  médiéviste français) « Chrétien de Troyes n’a pas eu directement accès aux mythes celtiques, irlandais, germaniques,… Par contre il doit certainement beaucoup à des récits arthuriens plus populaires, proches du conte de fées (comme les lais de Marie de France), élaborés par des jongleurs continentaux (notamment armoricains) au contact de leurs confrères de Grande-Bretagne (surtout gallois) depuis la conquête de 1066.
C’est dire que les mythes celtiques ont subi, pour arriver jusqu’à lui, une double transformation :
 1) d’abord de mythes en légendes et en contes (en Grande-Bretagne après quelques huit siècles de christianisation, 
2) ensuite de légendes et de contes en récit déjà littéraires (surtout anglo-normands). Chrétien n’a eu aucun accès direct aux contes, aux légendes et aux mythes purement celtiques (il ignorait le Gallois et a fortiori l’irlandais ; - il est douteux qu’il ait mis les pieds en Grande-Bretagne) » [Gallais 1977, p.82].

Qu'est ce que le Graal ?
L'écriture du Conte du Graal, est bien une création sur le plan imaginaire, et imaginer un mythe moderne, c'est transformer un « mythe vivant » en récit littéraire.
Le graal n'est pas chrétien pour autant … Il y a christianisation, par exemple d'une corne d'abondance ( mythologie celtique ) en coupe destinée à recevoir une hostie pour le roi pêcheur. Chrétien de Troyes ne nous renseigne pas, et Perceval ne pose pas la question attendue …
Ainsi le Graal porte divers possibles : le chaudron rempli de sang du dieu Lugg, la coupe d'or des jeunes filles des puits, le calice qui a reçu le sang du Christ …

Sources : Catherine Nicolas maître de conf. Montpellier

* Chrétien de Troyes (1135-1183) , est un copiste, adaptateur de textes, et écrit sur commande, ainsi pour Marie de Champagne ( 1128-1190) au service de laquelle il reste de 1160 à 1185. Le Conte du Graal est dédié à Philippe d’Alsace ( 1143-1191) ( prétendant éconduit de Marie de Champagne.. ). Chrétien écrit ce roman entre 1182 et 1190, et meurt avant de l’avoir terminé.