dimanche 3 juillet 2016

Des Evangiles au Mythe de Salomé... -4/4-

Les contre coups politiques sont désastreux. La femme nabatéenne d'Antipas a eu vent de son renvoi imminent, et elle l'a prévenu en se réfugiant chez son père. Depuis, les juifs et les romains ont un ennemi acharné. La situation d'Antipas est précaire, car il doit désormais compter sur une guerre étrangère. En effet, son ex beau-père ne lui pardonnera jamais l'humiliation infligée à sa fille, ce dont la Loi juive ne faisait aucune nécessité. A l'intérieur, il doit faire face à une opposition puissante qui cache le déchaînement du fanatisme religieux.
Saint_Jean-Baptiste_et_les_pharisiens
- James_Tissot


Que vient faire un prophète comme Jean-baptiste dans cette affaire... ?
L'historien Josèphe rappelle le sort connu de tous d'Archelaüs, qui a connu le même genre de mésaventure et qui a été finalement déposé par l'Empereur... Jean le baptiste s'il provoquait un soulèvement aurait faciliter la coalition de l'opposition intérieure et des ennemis de l'extérieur... L'armée d'Arétas, aurait bien pu « préparer le chemin du Seigneur »( selon les propos de Jean ) ! Les romains craignaient l'idée du jugement du ''dieu'', qui de plus aurait démoraliser n'importe quelle armée juive … !
Antipas en exécutant Jean le Baptiste espère faire taire la critique ''intérieure''.


Cependant le mariage d'Antipas avec Hérodiade, causa le malheur du Tétrarque. Son ex beau-père éleva bientôt des prétentions sur la zone méridionale de la frontière. Antipas subit une défaite écrasante... dans le peuple, tout le monde déclara que cette défaite était une ''punition'' ( mariage, meurtre de Jean ..). Les romains durent intervenir pour garantir la frontière contre les nabatéens...
Les ennemis intérieurs d'Antipas eurent raison de lui, et il fut déposé par Rome, et exilé en Gaule, avec Hérodiade... Tout cela se produisit dix ans plus tard... ( Sources : Josèphe, Ant 18, 240-256 = XVIII, 7, 1.)


Hérodiade pourrait certainement n'être pour rien dans l'exécution de Jean le Baptiste. C'est Antipias qui en porte toute la responsabilité. Il a commandé l'exécution pour des raisons politiques, du fait de la situation d'urgence qu'avait provoquée le Baptiste lui-même.


Quelques autres questions de cohérence :

- "Après que Jean eût été livré " ( Marc 1, 4) Même mot que, pour Jésus, livré par Judas : Suggérait-il que Jean avait été dénoncé ou vendu par des disciples?
- Marc rapporte cette parole d'Hérode : "Celui que moi j'ai décapité, Jean". Le verbe n'est pas factitif (envoyer faire faire), et la présence du pronom "moi" met l'accent sur l'auteur de l'acte ( et non pas Salomé) .
- Marc présente Hérode Antipas comme un roi (basiléus), exerçant le pouvoir sur un royaume (Mc 6/22,23,25,26); ceci est inexact car l'Empereur lui avait concédé le titre de tétrarque...

- Lors du fameux banquet, Salomé n’était pas une jeune femme, mais une fillette de quelque onze ans. Elle n’a sans doute jamais dansé, encore moins lascivement, devant Hérode, Hérodiade et ses hôtes. Son sang royal et sa stricte éducation maccabéenne le lui interdisaient...
- Si Jean-Baptiste croupissait bien dans les cachots de la citadelle de Muwakir. Le banquet ne pourrait s'être donné que bien loin de là, quelque part en Galilée sur l’autre rive du Jourdain – dans le château où vivait Salomé. Peut-être dans la capitale du sous-royaume d’Hérode située sur la rive de l’actuel lac de Tibériade.
- Salomé ne s’appelait pas Salomé. Le prénom de la fille unique d’Hérodiade est inconnu, mais ne saurait être Salomé car l’une de ses tantes s’appelait ainsi. Selon la coutume maccabéenne, un enfant ne pouvait prendre le nom d’un proche parent encore vivant.
Bussiere, Gaston (b,1862)
- Salome- Dance of Seven Veils


Vania Zouravliov - Salomé

Le fait historique ne nous est pas tout à fait connu... Il nous reste un message, à travers une histoire qui n'en finit pas de nous fasciner, et parfois bien loin du message évangélique … A nous de discerner …

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