dimanche 12 juin 2016

Des Evangiles au Mythe de Salomé... -1/4-

Edward Armitage RA (1817 – 1896) was an English Victorian-era painter 

Ce fait divers, mais qui est aussi un épisode ''historique'', est repris dans deux évangiles. Son exposé est intéressant, et montre aussi la manière d'aborder la narration de faits, dans un projet comme les Evangiles... On peut comparer le traitement de cet épisode, avec ceux des mages, et peut-être – pourquoi pas ? - avec les miracles... ?

Bien sûr, ce récit n’occupe à première vue qu’une place anecdotique au sein du Nouveau Testament : les deux versions se présentent de fait pour expliciter les circonstances de l’emprisonnement et de la mise à mort du prophète Jean le Baptiste.






Reprenons l'histoire : Jean-Baptiste dénonce la liaison incestueuse entre Hérode-Antipas et Hérodiade, la femme de son frère, Hérode Philippe. Hérode, qui craint Jean le Baptiste, n'ose le condamné à mort. Il se contente de l'emprisonner, ce qui ne satisfait pas Hérodiade. Celle-ci demande à sa fille, Salomé, de danser pour Hérode. Ebloui par la jeune fille, Hérode lui fait le serment de lui donner ce qu'elle veut. Sur l'injonction de sa mère, elle demande la tête de Jean-Baptiste, qu'Hérode est contraint de lui accorder. (Marc, 6, 14-29 ; Matth., 14, 1-12)

Le Mythe : Salomé :

Filippo Lippi
Dans les Evangiles, la figure de la jeune danseuse n’est pas nommée. Elle apparaît seulement comme soumise, secondaire et fugitive. Toutefois, l’imaginaire littéraire et artistique va en faire un véritable mythe. La figure de Salomé, va devenir le portrait de la femme séductrice suscitant tous les désirs, et le symbole à la fois de la femme fatale et de la cruauté féminine.

Le mythe de Salomé traverse les siècles, son personnage fait l’objet de différentes interprétations et réinterprétations. Elle passe de la petite fille obéissante et instrumentalisée par sa mère à la femme fatale, brûlée d’amour pour l'ascète Jean (et qui d’ailleurs demande d’elle-même sa tête pour se venger de son refus). C’est en effet, vers la moitié du XIXe siècle, siècle de l’éclosion du mythe de Salomé, que celle-ci commence peu à peu à s’approprier une personnalité à part entière : elle est nommée par son nom et n’est plus confondue avec Hérodiade sa mère.
Salomé - 1953


Le mythe est à prendre au sérieux, autant, sinon plus, que le fait historique, l'un enseigne sur l'autre et il ne faut pas les confondre.... «  Le mythe est à l'origine de la pensée, et même de la pensée historique. L'histoire est limitée et se construit sur une suite d’événements qui n'arrivent qu'une seule et unique fois, elle est bornée par le temps. Le mythe est perpétuel, il se renouvelle sans cesse et ne vieillit jamais. Il est donc toujours d'actualité. » J. P. Savignac, spécialiste de la civilisation gauloise...

Le mythe de Salomé va se construire au cours des siècles.
- Aux débuts du christianisme, c'est l'énoncé d'un discours édifiant, avec la danse comme acte dépravé et lubrique...
- Au Moyen Age, Salomé se lie avec Satan, la morale condamne la luxure, la sorcellerie ( le sabbat des sorcières)
- A la fin du XIXème, on quitte le champ du religieux, Salomé est une figure des arts...

- Le XXème siècle exploite le mythe dans le monde de la danse et du cinéma

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