A la Renaissance, déjà, Marsile Ficin
(1433-1499) affirmait dans ses deux grands ouvrages, sa ''Theologia
platonica''' et son ''De Christiana religione'' que la diversité
des religions procèdent de la volonté divine. Ce fut la cas
aussi de Nicolas de Cues, Pic de la Mirandole, Paracelse …
Pourtant, une thèse bien vite abandonnée par la théologie
catholique … au profit d'une beaucoup plus nette : ' Extra
Ecclesiam nulla salus '(« Hors de l'Église il n'y a pas
de salut »), expression latine de Cyprien de Carthage
(200-258). Cette expression va avoir un grand succès au cours des
âges, et sera reprise tout au long des siècles par les papes et les
conciles pour indiquer que c'est seulement au sein de l'Église
catholique que l'on peut trouver l'ensemble des « moyens du
salut ».
« En dehors de l'Église
catholique, personne ne peut être sauvé » Pape Pie
IX (1846-1878), encyclique Quanto conficiamur moerore,
paragraphes 7 et 8...
![]() |
Abraham, Sarah, Isaac et Ismaël |
Aujourd'hui, sur ce sujet, ce sont deux
''bonnes nouvelles'', qui viennent reprendre le chantier de la
question de la ''vérité '' :
- La première vient de la communauté
juive : plus précisément de 25 rabbins israéliens, américains
et européens, conduits par le rabbin David Rosen de l’American
Jewish Committee. Ils ont signé un document dont le titre
était : Faire la volonté de notre Père aux cieux :
vers un partenariat entre juifs et chrétien.
L’affirmation
la plus saisissante est que « le
christianisme n’est ni un accident, ni une erreur, mais le fruit
d’une volonté divine et un cadeau fait aux nations ».
Ce
texte a été publié le 11 décembre 2015, conjointement avec un
autre présenté par le cardinal Kurt Koch, président du Conseil
pontifical pour la promotion de l’unité des
chrétiens (y compris avec les « frères aînés »),
confirmant vigoureusement les orientations définies par Nostra
Ætate (*).
« L’Eglise ne rejette rien de ce qui est vrai et saint dans ces religions ( Hindouisme, Bouddhisme, ..) . Elle considère avec un respect sincère ces manières d’agir et de vivre, ces règles et ces doctrines qui, quoiqu’elles diffèrent en beaucoup de points de ce qu’elle-même tient et propose, cependant apportent un rayon de la vérité qui illumine tous les hommes. »
L'Eglise catholique reconnaît que le ''Verbe de Dieu'' a « semé ses semences » dans les traditions religieuses, mais ne dit pas qu'elles sont pour leurs adhérents des ''moyens du salut'', ou ''voies de salut''... Aussi, l'Eglise catholique refuse d'admettre que la diversité des religions est une volonté divine … !
- La deuxième ''Bonne Nouvelle'', c'est - en cette période troublée - la répétition de nombreux imams de cette même idée.
Pour l'Islam : la diversité
des religions, ethnies et pensées correspond à la volonté divine,
qui ne peut être dépourvue de Sagesse.
Dieu dit : « Ô
hommes ! Nous vous avons créés d’un mâle et
d’une femelle, et Nous avons fait de vous des peuples et
des tribus »[Coran s 49 v 13 ],
« Et si ton Seigneur l’avait
voulu, Il n’aurait fait des hommes qu’une seule communauté (de
même confession). Or, ils ne cessent d’êtres différents, à
l’exception de ceux auxquels ton Seigneur a accordé sa
miséricorde. Et c’est bien pour être si différents qu’Il les a
créés »[Coran s 11 v 118-119 ],
« Et si ton Seigneur l’avait
voulu, tous les hommes peuplant la terre auraient, sans exception,
embrassé Sa foi. Est-ce à toi de contraindre les hommes à devenir
croyants ? »[Coran s 10 v 99 ].
Finalement, cette
diversité n’est autre que le résultat du « libre choix »
que Dieu a accordé aux hommes : « Croira qui
voudra et niera qui voudra »[Coran s 18 v 29 ].
Ainsi,
réprouver la diversité revient, à remettre en cause la Volonté et
la Sagesse de Dieu.
A suivre avec La théologie du
Pluralisme religieux – Jacques Dupuis sj
Aucun commentaire :
Enregistrer un commentaire