Le lendemain, nous prenons la route de
Glastonbury, en passant par Wells ; ce serait
dommage de manquer la cathédrale et les 'à-côtés'... On peut se
promener dans la plus vieille rue d'Angleterre : ''Vicars’
Close''. Dans cette rue, l’architecture est uniquement
médiévale. Elle fut créé en 1348 par l’évêque Ralph de
Shrewsbury afin d’héberger les 42 membres du chœur de la
cathédrale. Cette communauté s’organisait le long d’une simple
rue avec les maisons individuelles de part et d’autre, ainsi qu’à
chaque extrémité, une salle commune pour la prise des repas et une
chapelle.
Chaque maisons se voulait habitable
pour un seul prêtre et était identique : une salle de séjour
au rez-de-chaussée avec une grande fenêtre de part et d’autre, à
l’Est et à l’Ouest, donnant sur un escalier en colimaçon menant
au 1e étage où se trouvait la chambre. Des latrines et des
douches étaient installées dans les cours arrières et des puits se
trouvaient à chaque extrémité de la rue.
Nous voilà prêts pour ce que je
pensais être l’essentiel de notre voyage : Glastonbury...
Ce serait Joseph d'Arimathie qui aurait
établi la première église chrétienne en Somerset. Il serait à
l'origine de l’abbaye, qui daterait du premier siècle. Nous en
avons des traces dès le VIIe siècle... Elle s'agrandira au cours
des siècles jusqu’en 1541 où elle fut détruite par le roi Henry
VIII.
Joseph d'Arimathie emportant le Graal |
Une légende médiévale prétend que
Joseph construisit une table pareille à celle de la cène, la place
de Judas restant vide, personne ne devait s'y asseoir sauf un
véritable chevalier. Cinquante ans après avoir mis Jésus au
tombeau, Joseph fut enseveli le 27 juillet 82 auprès de la petite
chapelle en torchis et osier, bâtie par lui et ses douze
compagnons...
A la mort de Joseph d'Arimathie, des
sources mentionnent que le Graal fut transporté à Rome, pour faire
partie du trésor des papes. Mais ici, on a retenu que Joseph aurait
dissimulé le vase en l’ensevelissant juste au dessous du Tor de
Glastonbury à l’entrée du monde souterrain. On cite un lieu
précis, '' Chalice-Hill '' sous la colline qui porte ce nom, et où
se trouve le puits sacré, dont l'eau aurait servi à baptiser les
convertis et bien des personnalités...
Joseph of Arimathea, Keeper of the Holy Grail |
En 166, le pape Eleuthère envoie des
missionnaires en Somerset pour restaurer la chapelle primitive. On ne
reparle plus de Glastonbury, avant le Ve siècle quand Saint-Patrick
vient ici. En 546, Malgwin de Landoff érige une grande église.
Saint David, patron du Pays de Galles, crée au VIe s. des monastères
dont Glastonbury, pour combattre les erreurs de Pélage...
Le nom celtique du lieu était ''
Dun-Nazeth-Clas '', qui signifierait le fruit sacré, chez les
druides, de la pomme, un lieu renommé pour sa fertilité...
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Selon l’ecclésiastique Giraud de Barri, des pèlerins découvrent quelques années plus tard lors de sa reconstruction une sépulture contenant des os appartenant à deux individus distincts. Sépulture constituée par un cercueil disposé sous une dalle de pierre portant une croix de fer avec cette inscription :
Arms du King Arthur |
Le roi Richard Coeur de Lion règne alors, roi français plus que britannique : il a grandi en Aquitaine, a fait sa croisade, est revenu se faire couronner en Angleterre après sa libération qui a laissé exsangue le royaume, puis est retourné en France. Ce n’est pas un roi très populaire en Grande Bretagne. Mais c’est le fils d’Henri II Plantagenêt, commanditaire de l’Histoire des Rois de Bretagne, qui place Arthur, ce héros breton, à l’origine de la lignée des Plantagenêt. Le mythe arthurien s'inscrit alors dans l'histoire... La découverte de ces corps renforce la fiabilité de la légende, et permet à Richard de se revendiquer breton. Elle permet aussi à la petite abbaye de Glastonbury, déjà bien puissante dans les cercles chrétiens de l’époque, d’asseoir son autorité et d’assurer sa richesse. Richesse qui va se révéler indispensable quelques années plus tard, quand l’abbaye brûle entièrement dans un incendie (1184) .
Arms des Plantagenêts |
On déambule donc aujourd’hui dans les ruines de l’abbaye datant de la période post-incendie.
Quelques décennies plus tard, le rayonnement de Glastonbury s’est encore accru. La petite église ne suffit plus. Une cathédrale est alors construite, juste derrière. En 1278, lors d’une grande cérémonie à laquelle assistent le roi Edouard 1er et la reine Éléonore, les restes du roi Arthur sont remis en terre dans une tombe de marbre noir massif, porté par des lions, de marbre eux aussi, au pied du grand autel de l’église. Glastonbury est au faîte de sa gloire.
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L'emplacement de la tombe est marquée au sol. Non loin, une jeune femme rousse se recueille. Je l'avais déjà aperçue alors qu'elle parcourt le site selon certains axes...
Le cadre s'il est grandiose - 15.5 hectares - est serein. La visite commence par un musée, puis on rentre dans un jardin verdoyant. La pelouse entoure les bâtiments : la Chapelle de la Vierge, puis les quelques ruines qui entourent le site du tombeau d'Arthur... Il y a deux étangs et un verger. Plus de 250 arbres sont dispersés...
Des ruines, bien sûr... les toucher nous ramène à tenter de retrouver ce qui animait les moines qui vivaient ici... Je trouve une carte : ''la tour foudroyée'', bien sûr... La paix n'est pas toujours au rendez-vous...
Je reviens à l'Histoire.... Par
permission d' Edouard III (1312-1377), on fit des fouilles pour
retrouver le corps de Joseph d'Arimathie... (?)
On arrive à l’époque d’Henri VIII. Celui-ci se déclare le chef de l’Eglise dans son propre royaume. Le schisme avec Rome est consommé et la guerre éclate. Mais Henri VIII est ruiné. Un de ses conseillers lui rappelle alors sagement qu’en tant que chef de l’Eglise en Grande Bretagne, il est aussi libre de prendre ses richesses. Plusieurs abbés se révoltent, dont celui de Glastonbury, Richard Whiting, qui est pendu pour haute trahison sur le Glastonbury Tor en 1539.
Les richesses de Glastonbury partent alors dans le trésor royal et la cathédrale et l’abbaye sont démantelées (1541) , à la fois par les hommes d’Henri VIII pour s’assurer que ce puissant centre religieux disparaisse, mais aussi par les habitants qui utilisent les pierres déjà taillées...
Les ruines vont rester à l’abandon pendant trois siècles, jusqu’à l’époque romantique anglaise (19ème siècle). Un riche propriétaire achète alors ces ruines, qui jouxtent son domaine, dans le but d’étendre un peu sa propriété et de posséder de jolies ruines. Lui-même n’aura jamais connaissance de l’importance de ces jolies ruines en question, mais un de ses proches descendants oui, en retrouvant également de vieux manuscrits parlant de l’endroit.
Commence alors la protection de l’abbaye de Glastonbury, aujourd’hui assurée par une association privée et le English National Heritage, qui protège également le Tor.
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Des parties communes du monastère, comme le cloître, la cuisine des moines et le réfectoire, il ne subsiste que les fondations, recouvertes d’herbe verte. Seule la cuisine de l’Abbé datant du 14e siècle est encore intacte avec son toit en forme de dôme surmonté de deux tours octogonales permettant l’évacuation de la fumée. Elle témoigne de la richesse et du niveau de vie élevé des abbés et moines de l’abbaye.
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