Ces événements tragiques, sont pour
moi l'occasion d'entendre des responsables religieux, ou des hommes
de foi, s'exprimer hors leurs posture ordinaire...
Je salue, la sincérité de
l’archevêque de Canterbury, chef spirituel des Anglicans, Justin
Welby qui était l’invité d’une émission de la BBC, où on lui
a demandé si les attentats de Paris lui avaient fait douter de la
présence de Dieu… : Extrait. « Oh oui alors. Le
samedi matin, j’ai marché, prié et demandé à Dieu, pourquoi -
pourquoi est-ce arrivé ? Où étais-tu dans tout cela ?
Oui je doute. »
Daniel Péron - Les cavaliers de l'Apocalypse |
Ce témoignage est pour moi le cœur de
la foi d'un homme de Foi. Que d'images de Dieu, avons nous à
détruire ou du moins à interroger, en nous … !
Et puis, il y a les paroles de cet
homme qui n'arrêtent pas de m'interroger. Il s'agit du musulman
Ghaleb Bencheikh...
Quelle chance avons-nous d'avoir cet homme qui nous interroge ainsi … !
Il excelle à démonter les discours des « imams autoproclamés », des « prédicateurs de pacotille ». Il n’y a, pour lui, « d’engagement dans une foi » que « tamisé par le filtre de la raison ».
Quelle chance avons-nous d'avoir cet homme qui nous interroge ainsi … !
Il excelle à démonter les discours des « imams autoproclamés », des « prédicateurs de pacotille ». Il n’y a, pour lui, « d’engagement dans une foi » que « tamisé par le filtre de la raison ».
D'abord sa réaction à chaud sur les
attentats : Extraits :
« Ces attaques vont à l'encontre de toute éthique
universelle et heurtent la conscience humaine. ( …) Ce
qui anime ces terroristes :, c'est une idéologie
mortifère ayant avili la religion islamique et perverti la
révélation coranique. ( …) La responsabilité des hiérarques
religieux musulmans qui, par pusillanimité ou par lâcheté, ont
laissé depuis des années, les sermonnaires doctrinaires tenir leur
discours fielleux et manipulateurs est plus qu'engagée. Ces derniers
sont comptables et coupables des crimes perpétrés au nom de Dieu. (
…) A titre personnel, je me suis égosillé à le faire savoir
depuis longtemps. Alors, maintenant plus que jamais, une
refondation de la pensée théologique combinée à une saine
éducation fondée sur l'amour et la bonté, s'impose... »
Mais aussi, pour aller plus loin …
Extraits :
«
Il nous faut inventer
une audace et une hardiesse intellectuelle, ne pas baisser les bras.
Nous n’avons plus de réels débats d’idées, ici ou ailleurs.
G B.
regrette que :Pour certains 'philosophes', le fait que
les pays arabes et musulmans n’aient pas connu la période allant
de Descartes au Siècle des Lumières, les réduit à une pensée
sans importance.
Daniel Peron - Musulmane |
« la laïcité pourrait se
résumer à : c’est la loi qui garantit le libre exercice de la
foi aussi longtemps que la foi ne prétend pas dicter la loi. En
définitive, la laïcité, c’est le parapluie sous lequel nous nous
abritons tous. Elle permet de réguler le croire ou le non-croire.
C’est un principe, et non une philosophie de l’État comme
certains veulent bien la présenter. »
Bien sûr, pour Ghaleb Bencheikh, il
faut déconnecter la religion de la politique. (..) « quand
il y a manipulation, domestication, idéologisation,
instrumentalisation de la religion pour d'autres fins que
spirituelles il y a danger de dérives despotiques et obscurantistes.
Tout revient à la séparation des deux ordres. Il faut déconnecter
la religion de la politique. »
« Je distingue trois moments
dans la religion, mot lui aussi trop vide de sens à force d’être
sans cesse utilisé.
Le premier je l’appelle « Religion
force ». Chaque religion a des mythes. Ceux-ci interrogent le
sens de la vie, du monde …
Il y a ensuite la « religion
–forme », elle-même partagée en trois moments :
le moment
« refuge », un lieu d'expression des détresses, un
refuge pour les opprimés ..
le
moment « repaire », où on retrouve tous les
fanatiques,
le moment
« tremplin » où la religion est un outil au service de
la carrière personnelle.
Le dernier moment, le
« moment-cadre » est le moment proprement lié à
l’expérience du sacré ( cadre de l'expérience humaine du divin
et du sacré )
En matière de sens, la religion
demeure une référence. Elle répond aux sempiternelles questions
qui taraudent l'homme : la question des origines de la vie et des
fins dernières. Quand la religion s'institutionnalise, elle devient
un refuge, un repaire et un tremplin. Elle est un refuge pour les
opprimés sur la terre, elle est un repaire pour fanatiques
extrémistes et elle est un tremplin pour les carriéristes, ceux qui
n'ont pas su faire autre chose qu'exploiter la religion pour leurs
ambitions personnelles. »
[Verset
19] Peut-on comparer à un aveugle celui qui est convaincu que ce que
ton Seigneur t’a révélé
représente bien la vérité? Mais seuls en saisissent le sens ceux
qui sont doués d’intelligence » Sourate du
Tonnerre.
Pourquoi dire cela ? Peut-être
parce que la réflexion est une affaire intime et nullement
incompatible avec la foi. J’appelle à un sursaut des consciences
et ceci signifie d’abord une honnêteté vis-à-vis de soi-même.
Il faut réveiller nos automatismes paresseux. Il faut sans cesse
remettre nos certitudes en doute. Subvertir sa propre pensée c’est
commencer en philosophie.
« Que sont donc encore ces églises si ce ne sont pas les caveaux et les tombeaux de Dieu ? » écrivait Nietzsche.
« Que sont donc encore ces églises si ce ne sont pas les caveaux et les tombeaux de Dieu ? » écrivait Nietzsche.
Daniel Peron |
Et enfin : très important, pour
répondre aux incongruités du Front National du genre de cette
parole de Marion Maréchal-Le Pen, qui estime dans un entretien au
quotidien de l'extrême droite catholique Présent, paru ce
samedi 21 novembre, que les musulmans "ne peuvent avoir
exactement le même rang que la religion catholique" en
France.
« Tant que l'on traitera
l'élément islamique en termes d'extériorité et d'étrangeté nous
nous vautrerons toujours dans les basses eaux du débat. L'Islam
n'est ni allogène, ni incongru ni intrus au contexte européen. Nous
appartenons à une aire euro-méditerrannéenne sur une longue ère
civilisationnelle ensemencée sur le plan spirituel par le
monothéisme abrahamique judéo-islamo-chrétien d'expression
gréco-arabe. »
Ghaleb Bencheikh, né en 1960 à Djeddah en Arabie saoudite, est un docteur en sciences et physicien franco-algérien. Il est soufi. Il est également de formation philosophique et théologique et anime l'émission Islam dans le cadre des émissions religieuses diffusées sur France 2 le dimanche matin. Il préside la Conférence mondiale des religions pour la paix...
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