La revue jésuite ETUDES, a mis en ligne une interview
exclusive du pape François. Le pape revient sur son itinéraire de
jésuite, donne quelques éléments sur sa conception du
gouvernement, partage ses goûts artistiques et dit tout ce qu’il
doit à la spiritualité ignatienne.
François, revient sur cette formule traditionnelle : « Voir
Dieu en toutes choses »
Toute chose porte en elle, ne serait-ce qu’une trace du divin.
Bien sûr, même dans le plus obscur de nos vie...
Mais alors: '' Tout '' ne devrait-il n'être que beauté, harmonie et ordre
… ?
« Dans les propos du pape, je relève ce qui se rapporte au
registre de la vie et de la fécondité. Il semble que sa conception
de Dieu relève moins de l’harmonie équilibrée d’un système en
ordre que d’un milieu créatif d’où la vie jaillit en
permanence. » François Euvé, sj
Le pape François invite à « semer la pagaille » :
« C’est l’idée qu’une structure trop ordonnée,
« cristalline », est aussi éloignée de la vie que le
chaos intégral. La vie est un entre-deux, « entre le cristal
et la fumée » (Henri Atlan), fragile équilibre qui tient de
la souplesse du jeu. » Fr Euvé
Dans le cours de cet interview (ICI) , je retiens les passages
c-dessous :
« . Si quelqu’un dit qu’il a rencontré Dieu avec une totale certitude et qu’il
n’y a aucune marge d’incertitude, c’est que quelque chose ne va
pas. (…) Si quelqu’un a la réponse à toutes les questions,
c’est la preuve que Dieu n’est pas avec lui, que c’est un faux
prophète qui utilise la religion à son profit. »
« Si le chrétien
est légaliste ou cherche la restauration, s’il veut que tout soit
clair et sûr, alors il ne trouvera rien. La tradition et la mémoire
du passé doivent nous aider à avoir le courage d’ouvrir de
nouveaux espaces à Dieu. Celui qui aujourd’hui ne cherche que des
solutions disciplinaires, qui tend de manière exagérée à la
“sûreté” doctrinale, qui cherche obstinément à récupérer le
passé perdu, celui-là a une vision statique et non évolutive. De
cette manière, la foi devient une idéologie parmi d’autres. »
« Pour ma part,
j’ai une certitude dogmatique : Dieu est dans la vie de chaque
personne. Dieu est dans la vie de chacun. Même si la vie d’une
personne a été un désastre, détruite par les vices, la drogue ou
autre chose, Dieu est dans sa vie. On peut et on doit Le chercher
dans toute vie humaine. »
Notre foi n’est pas
une foi-laboratoire mais une foi-chemin, une foi historique. Dieu
s’est révélé comme histoire, non pas comme une collection de
vérités abstraites. Je crains le laboratoire car on y prend les
problèmes et on les transporte chez soi pour les domestiquer et les
vernir, en dehors de leur contexte. Il ne faut pas transporter chez
soi la frontière mais vivre sur la frontière et être audacieux.
« L’image de
l’Église qui me plaît est celle du peuple de Dieu, saint et
fidèle. (…) Il n’y a pas d’identité pleine et entière sans
appartenance à un peuple. Personne ne se sauve tout seul, en
individu isolé, mais Dieu nous attire en considérant la trame
complexe des relations interpersonnelles qui se réalisent dans la
communauté humaine. Dieu entre dans cette dynamique populaire
« Quand je me
rends compte de comportements négatifs des ministres de l’Église,
de personnes consacrées, hommes ou femmes, la première chose qui me
vient à l’esprit c’est : “voici un célibataire endurci” ou
“voici une vieille fille”. Ils ne sont ni père, ni mère. Ils
n’ont pas été capables de donner la vie. En revanche, lorsque je
lis la vie des missionnaires salésiens qui sont allés en Patagonie,
je lis une histoire de vie, de fécondité. »
« Je vois avec
clarté que la chose dont a le plus besoin l’Église aujourd’hui
c’est la capacité de soigner les blessures et de réchauffer le
cœur des fidèles, la proximité, la convivialité.
Je vois l’Église
comme un hôpital de campagne après une bataille. Il est inutile de
demander à un blessé grave s’il a du cholestérol ou si son taux
de sucre est trop haut !
Nous devons soigner les blessures. Ensuite
nous pourrons aborder le reste. Soigner les blessures, soigner les
blessures… Il faut commencer par le bas. »
« Au lieu d’être
seulement une Église qui accueille et qui reçoit en tenant les
portes ouvertes, efforçons nous d’être une Église qui trouve de
nouvelles routes, qui est capable de sortir d’elle-même et d’aller
vers celui qui ne la fréquente pas, qui s’en est allé ou qui est
indifférent. Parfois celui qui s’en est allé l’a fait pour des
raisons qui, bien comprises et évaluées, peuvent le conduire à
revenir. Mais il y faut de l’audace, du courage. »
samedi 21 septembre 2013
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